Le FIMO de Bamako a tenu toutes ses promesses : quand le Mali mise sur la mode pour la réconciliation et « redorer son blason »
De notre envoyé spécial à Bamako (Mali) Bruno Fanucchi.
Crédits photos : FIMO BKO.
Avec 32 stylistes africains (maliens bien sûr, mais aussi ivoiriens, sénégalais, béninois ou burkinabè), plus de 80 mannequins (hommes et femmes) défilant lors de trois soirées de gala successives (Concours des jeunes créateurs, soirée Coton et défilé Haute couture), la 4ème édition du FIMO BKO (Festival international de la Mode de Bamako) – dont Divas était partenaire – a tenu toutes ses promesses.
« J’ai d’excellents retours et je suis très content malgré la situation difficile que connaît mon pays, le Mali », souligne Daouda Kodio, jeune fondateur du FIMO BKO, en reconnaissant que c’était – cette année – une véritable gageure de tenir l’événement en raison notamment des incessantes coupures électriques que connaît le pays, y compris au cœur de la capitale.
Mais il a relevé le défi et ce fut trois belles soirées réussies : les deux premières dans le cadre prestigieux du Musée national et la dernière dans le cadre très original de l’île aux crocodiles, un superbe parc d’attraction en pleine nature que dirige l’énergique Selly Tall, Sénégalaise d’origine qui se partage entre l’Italie et le Mali.
« Nous avons fait pour le mieux, explique-t-elle, pour accueillir cet événement initialement prévu dans les jardins de l’hôtel-restaurant « Au Bord de l’eau », mais délocalisé au tout dernier moment en raison des conditions météo ».
D’autant plus que le thème retenu pour cette 4ème édition – « La mode au service de la réconciliation nationale » – a fait mouche et provoqué l’engouement de nombreux Maliens qui se pressaient chaque soir pour découvrir et applaudir des créations fort originales voulant donner une belle image du pays qui, après les putschs militaires et soubresauts politiques qu’il connaît depuis plus de douze ans, en a bien besoin.
Quoi de mieux que de beaux défilés de mode pour « redorer son blason » et prêcher la réconciliation !
« Redonner de la joie au Mali »
« Presque toutes les ethnies et régions du Mali furent représentées au cours de ces trois soirées visant à mettre à l’honneur la culture malienne dans toute sa diversité », se félicite la Franco-Malienne Mélanie Morisset, femmes d’affaires et marraine de l’événement.
« La soirée Haute couture était vraiment au top avec des tenues en bogolan très classe et de superbes robes de mariées. A la surprise générale, puisque la présentatrice me l’a si gentiment demandé, j’ai moi-même défilé tous les soirs », confie-t-elle, en se réjouissant du succès populaire de l’événement. Avant d’ajouter : « Daouda Kodio a vraiment réussi à fédérer le milieu de la mode et à redonner de la joie au Mali.Un grand merci à lui ».
La présentatrice vedette – et ce fut pour elle une grande première – c’était Penda Modibo Ketita, mannequin de renom qui a déjà défilé plusieurs fois pour Alphadi, le magicien du désert, au fameux Festival International de la Mode en Afrique (FIMA). Aux côtés parfois d’Aïchata Diawara, journaliste de l’ORTM spécialiste de la mode, elle assura avec talent l’animation des trois soirées de gala de l’événement et nous a d’ailleurs accordé une belle interview exclusive que nous publierons prochainement.
Le styliste malien Mamoudou Traoré, designer de O’Yiramé (ce qui signifie en langue soninke « nos habits », était très fier de faire connaître sa nouvelle collection intitulée « Gentleman », mais une femme défila cependant pour lui… sous les applaudissements.
« Daouda Kodio ose innover »
« Ce fut un show très réussi », confirme Sadio Coulibaly, jeune directrice de la société « Douc’Art » (spécialisée en photos et infographie) partenaire pour la première fois de l’événement. « J’adore le bogolan et j’ai beaucoup aimé les différents tableaux que l’on nous a présenté au cours de ce FIMO », ajoute-t-elle en saluant la performance de Daouda Kodio en ces termes : « Il ose innover et met en valeur nos jeunes stylistes maliens lors de soirées festives où l’ambiance très chaleureuse n’a rien à envier aux températures que nous connaissons au Sahel ». C’est sûr, elle reviendra l’année prochaine.
« Développer et faire connaître la mode au Mali, c’est une excellence initiative », surenchérit Adama Yattara qui dirige AID Models, une agence d’hôtesses et de mannequins à Ségou, qui se dit enchantée par ce qu’elle a vu à Bamako. « Mon styliste préféré fut le Malien Sora Camas qui pour la soirée Haute couture nous a régalé de superbes créations », confie-t-elle.
Elle-même prépare d’ailleurs son propre festival pour la fin de l’année dans cette ville du centre du Mali où les répétitions ont déjà commencé… Ce sera « Mali Darbé » qui en sohrai signifie aussi « Habit ». Souhaitons lui également un grand succès.
Mais laissons le mot de la fin à Daouda Kodio : « Franchement, cette année, j’ai tout aimé, mais je prends l’engagement de faire encore mieux l’année prochaine car nous avons beaucoup de choses à améliorer. Grâce à nos différents partenaires comme Divas – votre magazine que je remercie du fond du cœur – notre objectif est désormais de faire connaître le FIMO de Bamako à l’international et qu’il devienne un rendez-vous incontournable, à l’image du fameux FIMA d’Alphadi ».
Pour réussir dans ce milieu de la mode, il faut en effet avoir de l’ambition, du savoir-faire et de la volonté. L’homme et toute son équipe n’en manquent pas : bravo Kodio !