Quand les «Entreprenantes et Dynamiques» se retrouvent à Dakar
SOUS LE HAUT-PATRONAGE DU PRÉSIDENT MACKY SALL, LE FIED (FORUM INTERNATIONAL DES FEMMES ENTREPRENANTES ET DYNAMIQUES) A ACQUIS À DAKAR SES LETTRES DE NOBLESSE. UNIQUE EN SON GENRE, IL EST DEVENU UN RENDEZ-VOUS ÉCONOMIQUE INCONTOURNABLE POUR LES FEMMES D’AFFAIRES DU CONTINENT. REPORTAGE.
FIED 1 / Djélika Yéo au micro, devant Mme Marlyn Mouliom Roosalem, Présidente du Conseil scientifique du FIED.
Pour sa XIe édition, le Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques (FIED) avait élu domicile à Dakar. Placé sous le Haut-patronage du Président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, ce Forum économique réunissant près de 500 femmes venues de tout le Continent, s’est déroulé du 23 au 25 octobre au King Fahd Palace, dans ce lieu paradisiaque qu’est la pointe des Almadies.
L’initiative en revient bien sûr à l’Ivoirienne Djélika Yéo, Présidente-fondatrice de la « Nuit des Entreprenantes et Dynamiques » puis du FIED, qui pour la deuxième année consécutive, avait délocalisé son événement se tenant traditionnellement à Abidjan (Côte d’Ivoire), grâce au concours notamment de Mme Asthou Mbaye, ancienne directrice de Cabinet du Président Abdoulaye Wade et désormais responsable du FIED et
de Dangote au Sénégal. Avec un thème d’une parfaite actualité s’imposant à toutes : « Les défis des femmes entreprenantes et dynamiques face à l’impact de la crise mondiale ».
« Les thématiques abordées dans nos différents panels du Forum ne sont pas fortuits, me confie la Présidente-fondatrice de cet événement, car elles concernent directement la vie quotidienne des Africaines qui ont dû faire preuve ces deux dernières années d’une extraordinaire résilience face à la crise du Covid-19 : la santé, l’eau, l’agriculture, l’éducation, la formation, l’inclusion financière… »
« La vie est d’autant plus dure et compliquée pour toutes ces femmes depuis l’invasion de l’Ukraine déclenchée par Vladimir Poutine le 24 février dernier, qui a provoqué de graves conséquences sur la vie économique d’une
grande partie de l’Afrique se trouvant rapidement en rupture de blé et de céréales en provenance d’Ukraine », ajoute-t-elle, avant d’assurer : « mais, dans l’adversité, les femmes d’Afrique se doivent de relever la tête ! ». Et on l’a bien vu pendant les trois jours du Forum de Dakar, où toutes s’activaient sur les stands pour multiplier échanges et contacts. Car le FIED se veut aussi un rendez-vous économique incontournable pour développer l’entrepreneuriat féminin et le business en général.
« PARTIR DE RIEN POUR DEVENIR QUELQU’UN ! »
Comme le succès de cette manifestation originale tient beaucoup au charisme de sa fondatrice qui se sent pratiquement « investie d’une mission » pour l’autonomisation de ses soeurs africaines, nous lui laissons relater elle-même la naissance de cette plateforme revendiquant aujourd’hui en Côte d’Ivoire plus de 20 000 femmes issues de tous les milieux sociaux.
« J’ai lancé ce mouvement sur fonds propres il y a plus de dix ans en partant d’un constat et d’une idée simple » confie Djélika Yéo. « Le constat, c’est qu’il y a chez les Ivoiriennes de nombreux talents qui ne demandent qu’à prendre leur destin en main pour participer au développement économique du pays, pour peu qu’on reconnaisse leurs compétences et qu’elles puissent décrocher crédits et financements. D’où le concept que j’ai forgé, devenu le slogan bien connu de notre organisation : « Partir de rien pour devenir quelqu’un ! ».
Un slogan qui a fait florès en Afrique et a été repris par bien des organisations adoptant cette même stratégie de « femmes leaders » pour développer des synergies et actions communes. Mais être copié ou imité, n’est-ce pas déjà le premier signe de la réussite ?
« J’en ai fait une émission télévisée, devenue très populaire et suivie sur la RTI 1, un dimanche sur deux, enchaîne-t-elle, car je vais avec mes équipes à la rencontre de femmes de tous milieux, auxquelles je donne la parole et dont je fais le portrait. Elles le méritent bien ». Cette émission connaît d’ailleurs un succès qui ne se dément pas.
A l’exception de sa précédente édition, qui s’était tenue en décembre 2021 à Kinshasa (RDC), le FIED qui fut précédé par la « Nuit des Entreprenantes et Dynamiques », s’était jusqu’à présent toujours déroulé à Abidjan et plusieurs fois au Palais des Congrès du Sofitel Ivoire, où se retrouve régulièrement le « Tout-Abidjan ».
A Dakar, toutes les festivités (cérémonie d’ouverture, panels, rencontres BtoB, stands, dîner de gala et remise des Prix) se sont déroulées dans le cadre prestigieux du King Fahd Palace, haut-lieu des conférences internationales dans la capitale sénégalaise, que dirige d’une main de maître Pierre M’Bow qui a toujours refusé d’être ministre pour se concentrer sur sa mission : recevoir le mieux possible les « grands de ce monde ».
FIED 4 / Plusieurs lauréates du FIED 2022 : aux côtés de la Centrafricaine Marlyn Mouliom Roosalem, la styliste Guinéenne Kadi Sylla, l’Ivoirienne Yasmine Sadja et la Congolaise Gisèle Busima.
« LE FIED, C’EST UNE GRANDE FAMILLE »
« Le FIED, c’est une grande famille », se plaît à souligner Mme Marlyn Mouliom Roosalem, ex-ministre centrafricaine du Commerce et de l’Industrie qui fut également la première Directrice générale de la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique Centrale à Libreville (Gabon).
« Quand on se retrouve chaque année, c’est comme des frères et des soeurs avec les mêmes centres d’intérêts et les mêmes espoirs de transformer l’Afrique. On s’apprécie et on avance ensemble », observe celle qui est désormais la Présidente du Comité scientifique du FIED.
« Tous les thèmes retenus à Dakar me semblaient parfaitement choisis pour que les femmes s’expriment sur les crises actuelles (sanitaire, sécuritaire, etc.) qui ont eu tant de conséquences et d’effets dévastateurs sur nos vies pendant deux ans, et qui ont impacté l’activité économique et sociale de nos pays respectifs », explique-t-elle.
« Le FIED, ajoute-elle, c’est un espace d’expression pour les opérateurs économiques. C’est devenu un rendez-vous incontournable et une marque de fabrique, un Forum original et unique en son genre, avec pour objectif je l’espère de déboucher sur des résolutions concrètes, qui puissent améliorer nos vies au quotidien, ou sur de nouvelles lois pouvant s’imposer à l’Union africaine. Le FIED, c’est un laboratoire d’idées et de propositions pour changer la vie et nous mettons toujours l’humain au coeur de nos débats. Ce qui n’empêche pas de faire, en parallèle, du business ».
« C’est pourquoi, conclut-elle, je tenais beaucoup à ce que nous rédigions une Déclaration de Dakar qui ouvre des pistes nouvelles pour toutes les Africaines ». Et l’ex-ministre de Centrafrique de donner un bel exemple des avancées concrètes que peut réaliser le FIED : « En partenariat avec un spécialiste des cartes bancaires, notre ONG vulgarise la distribution des cartes Visa au sein du réseau des Femmes Entreprenantes et Dynamiques. Notre objectif est de doter les femmes d’un système de paiement digital dédié, efficient, accessible, à faible coût et à haute valeur ajoutée, pour leur donner la possibilité d’accéder enfin à des financements et à d’autres services financiers ».
Pour cette XIe édition, d’importantes délégations sont venues notamment de RDC, conduite par Mme Nathalie Lunda Ngandu, ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant de la province du Lualaba, et de Guinée Conakry, conduite par Mme Fatoumata Doumbouya, Secrétaire Générale du FIED, et Mme Germaine Manguet, ex-ministre des Sports et présidente de l’Académie Nationale Olympique de Guinée.
« C’est ma première participation au FIED », avoue quant à elle la jeune styliste guinéenne Kadi Sylla qui ne manque pas de talent. Après avoir lancé sa marque « Kadi World Fashion », elle a inauguré une belle boutique à Conakry, dans le quartier de Kipé Metal Guinée, puis ouvert récemment un autre « show room » à Bamako (Mali). Incarnée également par la Congolaise Gloria Ndongo, qui a créé à Bruxelles « les Trésors de Victoria » et réalise des pagnes en wax, la mode fut bel et bien présente à ce rendez-vous de Dakar.
« Faire avancer cette noble cause : l’autonomisation des femmes »
Américano-Congolaise, Gisèle Busima participe elle aussi pour la première fois au FIED, et en repart dit-elle, « ravie et comblée ». CEO de Futuro Group, qu’elle a créé en 2020 à Kinshasa, après avoir longtemps travaillé dans la banque sur le côte Est des États-Unis, elle s’investit aujourd’hui en Afrique. De retour au pays, elle a décidé de « booster le secteur privé de la RDC car, souligne-t-elle, un secteur privé important, c’est la définition même pour ne pas dire la condition indispensable d’une économie forte, et mon pays en a bien besoin ». Sa société, qui travaille avec deux grands partenaires au Kenya, s’emploie donc à rechercher des financements pour des projets innovants.
« Personnellement, j’ai été séduite et impressionnée par la personnalité de Djélika Yéo. J’aime et partage sa vision de venir en aide aux femmes de tous les milieux sociaux et notamment à celles du milieu rural qui sont trop souvent oubliées en Afrique » poursuit la patronne de Futuro Group.
« A Dakar, le networking a parfaitement fonctionné durant les trois jours du FIED, qui restera pour moi une très belle expérience. J’ai eu beaucoup de contacts professionnels très intéressants, avec notamment des femmes leaders du Maghreb ». L’Afrique du Nord fut en effet représentée au Forum de Dakar par des femmes d’affaires de tout premier plan : l’Algérienne Nadia Habes, Présidente des Femmes d’affaires de la Francophonie arabe, le Professeur Rajaa Aghzadi, chirurgienne dont la réputation dépasse depuis bien longtemps les frontières du Maroc, ou la Tunisienne Henda Ben Rejeb, Vice-Présidente du FIED.
Panéliste pour la dernière table-ronde consacrée à l’inclusion financière, Gisèle Busima assure : « Je reviendrai à coup sûr l’an prochain. Je suis même décidée à m’y engager davantage car je crois nécessaire d’accompagner Djélika Yéo, de toutes se donner la main pour faire avancer cette noble cause : l’autonomisation et l’émancipation des femmes ». Un panel qui fut modéré avec talent en français comme en anglais par une autre Congolaise originaire de RDC, mais vivant en France, Sandrine Ngom (NG Consulting).
Mais les « Entreprenantes et Dynamiques » venaient également de Côte d’Ivoire comme Marina Nobout (DG de OHEL International, spécialisé dans le bâtiment écologique), Delphine Ehivet (PDG de Joedel Transit) ou Yasmine Sadja (Présidente de la Chambre nationale des Femmes chefs d’entreprise), du Togo comme l’honorable Abira Bonfoh (questeur de l’Assemblée nationale de Lomé), du Cameroun, de Guinée-Bissau, de Mauritanie et même du Kenya comme Hodan Abdillahi, CEO d’Afeni Energy. Autant de femmes d’affaires aux ambitions légitimes parfaitement assumées.
Dakar, de notre envoyé spécial Bruno Fanucchi
Crédit photos: ©DR
Henda Ben Rejeb
Il y a 2 ansBonjour Monsieur Bruno
La TUNISIENNE Vice Présidente du FIED s’appelle HENDA BEN REJEB et non FAOUZIA TARIK, je vous prie de rectifier
Merci
HENDA BEN REJEB
AVOCATE D’AFFAIRES A L’INTERNATIONAL
Vice Présidente du FIED, Représentante de la Tunisie