Mame Maty Mbengue, marraine d’exception pour la 3ème édition du Dakar en Jeux
Le continent africain va laisser une empreinte indéniable dans le sport en accueillant pour la première fois de son histoire les Jeux Olympique de la Jeunesse sur son sol en 2026. Dans ce contexte, le Sénégal débute les festivités avec la troisième édition du festival « Dakar en Jeux », qui s’est déroulé du 7 au 10 novembre 2024. Les organisateurs de cette édition ont fait appel à des sportifs de renom, dont Mame Maty Mbengue, basketteuse la plus titrée d’Afrique, et FIBA Hall of Fame depuis 2022, afin d’être la marraine de l’événement. Nous avons rencontré cette sportive, qui revient sur sa carrière et les défis qu’elle a surmontés en tant que femme, et athlète de haut niveau.
« Le plus important c’est d’essayer d’inspirer les gens afin qu’ils réussissent dans ce qu’ils entreprennent », disait le joueur de basket ball Kobe Bryant qui nous a quitté en 2020. Fort de cet adage, l’évènement a permis à de jeunes athlètes de prendre la mesure de leurs rôles dans le rayonnement du sport africain, épaulé pour l’occasion par des athlètes expérimentés tel que Mame Maty Mbengue, lors du lancement de Dakar en Jeux qui s’est déroulé du 7 au 10 novembre 2024 à Dakar. La marraine de cette édition est née à Dakar, où elle a évolué une grande partie de sa carrière de basketteuse.
« Ce ballon rond m’a donné beaucoup d’espoir et de liberté »
« J’ai débuté le basket à l’âge de 14 ans, dans les années 80, je n’étais pas fan du tout de ce sport, mais mes parents m’ont poussé à faire du basket à cause de ma taille, moi j’étais très féminine comme jeune fille, mais mon père qui était dirigeant de club avait l’œil, et il me voyait très bien en tant que basketteuse », confie Mame. A force d’entraînement, elle finit par devenir une joueuse talentueuse qui participera à de nombreux championnat d’Afrique de basket-ball entre 1984 et 2000. Elle avouera également : « j’ai commencé à aimer le basket car il me permettait d’échapper aux tâches ménagères, mais également de sortir de la maison, j’avais la possibilité à ces moments-là de passer du temps avec mes copines plutôt qu’à la maison avec un père trop strict. Ce ballon rond m’a donné beaucoup d’espoir et de liberté ». Elle raconte aussi avoir fait énormément d’heures d’entraînements supplémentaires après les entraînements, qui lui ont permis d’être rapidement surclassé lors de ses premiers pas dans le basket.
« En 1987, j’ai participé au premier championnat d’Afrique Afro-basket junior, que nous avons d’ailleurs remporté, après j’ai été surclassé chez les seniors en équipe nationale, on a été en finale avec les zaïroises (actuel RDC), il y avait cette fameuse rivalité entre nous, et j’étais la benjamine du groupe ». Sa carrière de basketteuse va lui faire parcourir le monde, à Sydney pour les JO, aux USA où elle sera également étudiante, en passant par Clermont-Ferrand en France, mais c’est dans son Dakar natale que la joueuse mettra un terme à sa carrière pour se consacrer à sa vie de femme et de mère.
« La plupart des femmes, surtout au Sénégal, vont sacrifier leur ambition sportive »
Quand Mame décide d’abandonner le ballon rond, c’est pour un autre défi, que beaucoup de femme chaque jour relèvent au quotidien, celui de femme épanouie et de mère. « La plupart des femmes, surtout au Sénégal, vont sacrifier leur ambition sportive à cause de la fatigue du quotidien, car gérer un foyer ne laisse pas de temps pour être une athlète de haut niveau, il faut aller travailler, après revenir à la maison pour gérer mari et enfant, après il n’y a plus de place pour les entraînements, c’est pour cela que les hommes doivent faire leurs parts surtout quand ils savent qu’ils sont avec une femme athlète de haut niveau, pour ma part j’ai eu mes enfants après ma carrière ». Au Sénégal comme ailleurs être en couple et être une athlète de haut niveau, peut être source de tension voire de jalousie, indique l’ex joueuse.
En ce qui concerne la fuite des sportifs vers l’occident qui reste une problématique d’actualité pour de nombreux pays africains, Mame confie ceci : « je pense que les jeunes femmes qui décident de jouer au basket ou faire d’autres sports à un certain niveau, doivent être conscientes de la nécessité de concilier le sport avec les études et de ne pas perdre de vu d’où elles viennent, et ce qu’elles peuvent apporter au pays en revenant si elles décident de tenter leur chance à l’étranger. C’est la jeunesse qui construit le pays, surtout nous les femmes qui allons éduquer la future génération ».
Au niveau professionnel, l’athlète diplômé d’une université américaine, n’a pas connue les problèmes de reconversion que rencontre beaucoup de sportifs, « j’ai obtenu un diplôme de business administration à l’université, donc à mon retour au pays j’ai directement travaillé en parallèle de ma carrière de basketteuse, ce qui a facilité la transition quand j’ai mis fin à ma carrière sportive ». Concernant ses engagements sportifs, elle fait le nécessaire pour répondre présent à chaque sollicitation, à l’image de l’événement de « Dakar en jeux.« Cet événement va permettre aux jeunes de célébrer le sport, mais également de faire découvrir le Sénégal, notre culture, et améliorer l’image du pays ».