Culture, nature et spiritualité au Sri Lanka
Photo de couverture : Kandy Esala Perahera ©Office du tourisme du Sri Lanka
Sites classés au Patrimoine mondial de l’Humanité, plantations d’épices et de thé, éléphants en liberté, plages immaculées… Le Sri Lanka vous invite aussi à sa plus grande fête bouddhique dans la sérénité retrouvée.
Esala Perahera, une procession dans la ferveur et l’exubérance

Pour y assister acceptez que la mousson vous joue quelques tours d’humidité à sa façon mais le soleil n’étant jamais loin, ces quelques gouttes n’entameront pas votre fascination. Il s’agit ici de la plus grande procession bouddhiste d’Asie, une fête superlative inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco à laquelle les foules accourent chaque année en août pour vénérer la relique sacrée entre toutes, la Dent de Bouddha. Conservée un temps en Inde d’où le grand maître est originaire, elle arrive au Sri Lanka au Ve siècle, le bouddhisme n’ayant trouvé l’accueil attendu au pays de l’hindouisme. Voyageant de génération en génération dans les capitales successives de l’île, elle est devenue le symbole de la puissance et de l’identité du peuple cinghalais. La voici précieusement conservée à Kandy au Temple de la Dent devenu sanctuaire majeur pour les 70% de bouddhistes du pays.

Chaque année, durant 10 nuits d’une fête flamboyante la réplique de cette dent est menée en procession depuis son temple illuminé. Haut perchée dans son palanquin chatoyant elle est portée par un éléphant mâle dont les défenses impressionnantes sont une exception sur l’île, tandis qu’un tapis immaculé se déroule à son passage pour qu’il ne foule pas les impuretés. Il est annoncé à forts claquements de fouets dans un bruit de tonnerre sous les yeux de la foule amassée le long du parcours. Avec lui la procession s’ébranle à travers la ville pendant trois bonnes heures chaque soir accompagnée de plusieurs centaines de jongleurs, musiciens, danseurs, porteurs de bannières et d’une bonne cinquantaine d’éléphants entièrement caparaçonnés d’or aux couleurs des divinités.
Les sources du Bouddhisme aux grottes de Dambulla

Le Bouddhisme est attesté sur l’île dès le IIIe siècle av. J-C dans la pure tradition du Petit Véhicule si bien qu’en tous lieux vous serez sous la haute bienveillance du sage entre les sages, en particulier dans le centre de l’île, le Triangle du Sacré inscrit au Patrimoine mondial. Commencez par les plus anciennes grottes ornées du pays, celles de Dambulla après une jolie grimpette dans la luxuriance de la jungle.

Vous croiserez quelques vendeurs de fleurs pour les offrandes avant d’arriver au pied de la falaise et ses cinq grottes où déambulent fidèles et moines. De la première à la dernière vous allez traverser les siècles du 1er siècle avant J-C avec un immense Bouddha couché sculpté dans la roche jusqu’aux fresques du XIXe siècle. Entre-temps vous aurez été éblouis par la beauté des couleurs, la préservation des fresques, la hauteur sous voûtes, le nombre incalculable de bouddhas, la ferveur des pèlerins et le culte qui s’y prolonge.
Sigiriya et Polonnaruwa, vestiges des anciens sites royaux

Sur la route vers Sigirya, à 20 km des grottes, vous distinguez de loin son immense monolithe rouge dominant la plaine du haut de ses 200 mètres. Difficile de croire qu’en son sommet un roi en fit son palais au Ve siècle pour mieux se défendre après avoir trucidé le roi son père et évincé du même coup son frère. Craignant les représailles il se réfugie alors au sommet de cette plateforme quasi inaccessible qui garde encore les beaux restes de son immense palais perché qui le préservera un temps des effets de son forfait. Les courageux grimperont les 1202 marches en colimaçon le long des étroits escaliers tandis que les autres découvriront au sol les restes d’immenses jardins. Le sommet délivre un panorama de rêve et les fabuleux vestiges de ce palais fantôme.

Sans oublier à mi-hauteur les fresques sublimes et parfaitement conservées des Demoiselles de Sigiryia parées de bijoux qui ont gardé leurs charmes dans le creux de la roche depuis le Ve siècle. Autre site classé par l’Unesco à proximité, Polonnaruwa la capitale fondée au XIe siècle par un autre roi bâtisseur qui a gardé de beaux restes exhumés de l’emprise végétale il n’y a pas très longtemps.
Un conseil, découvrez ce vaste site à vélo ou en tuk-tuk, moins fatiguant le long de sentiers et comptez une demi-journée pour aller de palais en stèles sculptées, de temples divers en stupas. Et n’oubliez pas un peu à l’écart l’ensemble monumental taillé à même le granit figurant trois aspects de Bouddha dans la sérénité des tulipiers, des banians, le chant des oiseaux et les offrandes de fleurs.
Au bonheur des amateurs de thé, épices et soins ayurvédiques

Dans la fraîcheur du centre de l’île se concentrent les plus beaux paysages de montagne. Forêts de tecks, de flamboyants, plantations de thé d’un vert intense où dans la brume matinale les cueilleuses sont déjà à la récolte des feuilles les plus tendres. Ce climat d’altitude a attiré jadis les colons britanniques qui en ont fait “the place to be“, leur villégiature privilégiée. Témoin le charme toujours so british de Nuwara Eliya, cette petite ville perchée à 1900 mètres à 75km de Kandy dont vous apprécierez le charme un peu suranné qui romp un moment avec les chaleurs de la côte. On doit à un certain James Taylor le repiquage sur l’île des plants de thé de Chine et d’Assam qui remplacèrent les caféiers décimés à l’époque par la maladie. Thomas Lipton en deviendra le grand exportateur mondial faisant du thé de Ceylan l’or vert de l’île et le Broken Orange Pekoe le top du top des breakfast teas. Les plantations et les fabriques sont nombreuses à proposer des visites suivies de dégustations.

Quant aux poivres, gingembre, clous de girofle, cardamome, cannelle ils furent à l’origine d’une ruée vers l’or des épices dès l’Antiquité. Elles parfument si délicieusement la cuisine locale et jusqu’à l’air que vous respirez ! La reine ici c’est la cannelle et on lui rend visite dans la lagune de Maduganga à 60km au sud de Colombo le temps d’une balade en barque à travers les nombreux îlots dont celui de la Maison Nil Manel, une référence de charme où vous pourrez aussi dormir après cette excursion parfumée. Les plantes et leurs essences sont majeures dans la tradition de l’Ayurveda, cette médecine locale qui est aussi un art de vivre des plus anciens.
Les éléphants, ces pachydermes chéris et protégés

Bien sûr il y a un peu partout les singes agressifs ou chapardeurs, quelques léopards, des reptiles et des oiseaux par milliers dont 500 espèces endémiques… mais le roi des animaux ici c’est l’éléphant de la jungle et des parcs nationaux où il vit en liberté. Plus petit que son cousin d’Afrique il est démuni de défenses pour les femelles et rares sont aussi les mâles à en porter. Il pèse 3 tonnes et mesure 3 mètres au garrot et sachez que sur les 8 000 éléphants de l’île 200 seulement sont domestiqués. Vous croiserez même ces gentils pachydermes le long des routes quand leur nourriture vient à manquer dans la forêt ou que leur espace naturel se trouve empiété.

A l’occasion d’excursions en 4×4 vous pourrez les observer en liberté dans les parcs nationaux. Comme dans celui de Minneriya à quelques kilomètres de l’ancienne capitale de Polonnaruw où les guides vous initieront aux us et coutumes de ces sympathiques pachydermes. Prévoyez votre excursion l’après-midi pour mieux les observer à l’heure où ils viennent s’abreuver…
Pour en savoir plus :
Y aller : Vols directs avec Sri Lankan Airlines. Avec Qatar Airways escale à Doha.
Meilleure période (hors mousson) : de décembre à mars.
S’informer : Office de Tourisme du Sri Lanka
Guide du Routard Sri Lanka. Précieux et récent.
Dormir : Grands choix d’hôtels depuis les grands ressorts jusqu’aux boutique-hôtels de charme.
Madulkelle tea and ecolodge. Une merveille de gout qui vous fera sentir un peu explorateur en dormant sous des tentes parfaitement aménagées en plein cœur des plantations de thé. Le propriétaire est Français.
The Villa KK Collection-hôtel à Bentota. Un charme exquis dans une suite de pavillons anciens, un joli jardin et une nourriture raffinée.
Hôtels de médecine ayurvédique, en général en bord de mer en bord de mer.