Né à Kinshasa et arrivé en France à l’âge de 5 ans, Herman Mfuanani a su transformer ses rêves d’enfant en une réalité fascinante. Du quartier de son enfance à la prestigieuse Place Vendôme, ce créateur originaire de la RDC, également connu sous son nom artistique Wechimen, incarne la persévérance, l’audace et l’innovation dans l’univers du luxe. Joaillerie, parfumerie, cristallerie… avec sa marque W&w Paris, il est un véritable touche-à-tout qui réinvente le luxe avec passion et une éthique qui lui fait honneur.

Vous avez grandi en France après votre arrivée de Kinshasa. Comment votre enfance et votre découverte de Paris ont-elles influencé votre vision du luxe ?

Herman Mfuanani. © Karl Taurens

Arrivé en France à l’âge de 5 ans, je n’avis que le mot « ZER » dans la bouche (Zaïre). Car je voulais rentrer au Zaïre, ancien nom de la République Démocratique du Congo, où je pouvais sortir sans soucis de la maison, jouer toute la journée et rentrer quand je voulais. Je ne comprenais pas pourquoi en France on était enfermé en hauteur, et que je ne pouvais pas sortir dehors seul. On habitait à l’époque dans le 15ème arrondissement de Paris, et mes parents me disaient que c’était dangereux ici pour un enfant de sortir seul, car les gens dehors sont des inconnus. J’ai dû accepter, et le déclic pour Paris, je l’ai eu by night, quand un soir mon père nous a emmenés sur les Champs Elysées.  J’ai vu une ville sublime, mes yeux se sont illuminés avec les lumières de ces magasins de luxe côte à côte. Ce moment a été marquant à vie pour moi, et je me suis dit : je veux travailler dans cette vie.  Je posais des questions à mon père sur tout ce que je voyais, et il me répondait. Il avait beaucoup de style, toujours bien habillé et classe. J’ai aussi pris goût au luxe grâce à lui.

Votre aventure a commencé avec la vente de casquettes. Comment cette expérience a-t-elle façonné votre esprit entrepreneurial ?

Cette aventure a commencé un jour en sortant de chez moi dans le 18ème arrondissement de Paris. Un nouveau magasin avait ouvert. Il personnalisait tout et n’importe quoi. Des assiettes, des stylos et des vêtements. A l’époque je travaillais au Sentier jadis le royaume du textile, et j’avais nouer des contacts avec des fabricants et commerçants. Un jour j’ai eu l’ idée d’acheter des casquettes  pour les faire marquer W&w pour mon plaisir personnel. Ce fut un succès dans mon entourage, et à Sarcelles où j’ai aussi vécu, beaucoup de mes amis et des personnes voulaient la même casquette. Au fil des jours  ça s’est rependu dans toutes les villes environnantes Pierrefitte, Stains, jusqu’ au sud  de Paris, Grigny et Les Tarterêts. Je devais livrer encore plus de casquettes vu le succès. J’ai étoffer avec des tee-shirts, des polos et des pantalons. Un jour en allant chez ma mère, ma sœur me vois tout en W&w. Etonné, elle  me dis que ça pourrai être une marque. J’ai eu le déclic, car pour moi c’était impossible de créer sa propre marque. A cette époque dans mon cerveau ça n’existe pas, il y avait un mur. Puis vient la mode des marques urbaines. Presque tous les jour il avait de nouvelles marques. Après réflexion, j’ai visualisé ma marque et comment je pouvais la lancer dans le domaine du luxe. Une fois l’effet de mode passé, j’ai commencé à lire, étudier les grandes  marque de luxe. J’ai constaté que ces grandes marques avaient toutes une ancienneté de 50  à 100 ans minimum. Je me suis alors fixé 10 ans pour élaborer les étapes. Comment passer de la casquette au luxe. Cela m’a permis de me structurer et d’apprendre chaque métier, de forger mon côté entrepreneurial.

Qu’est-ce qui vous a poussé à passer de la fourrure à la joaillerie ?

Mon premier pas dans le luxe a effectivement été la fourrure. j’avais élaboré une collection pour femme qui a eu du succès lors des défilés que j’organisais dans les boîtes de nuit sur les  Champs Elysées. La première fut  dans le 3 ème arrondissement de Paris dans la mythique boîte de nuit Les Bains douche. On a en beaucoup parlé, et m’a valu plusieurs articles de presse. Pour faire de la pub, j’organisais des élections de la miss W&w en partenariat avec des magazines et des radios. Je présentais ma collection de blouson en fourrure pour femme, jusqu’au jour où j’ai eu vent des atrocité liées aux commerce de la fourrure. Je m’étais déjà renseigner sur ce point, mais dès que j’ai vu les vidéos atroces d’animaux dépecés, j’ai renoncer à la fourrure. J’ai ensuite réfléchi par quels autres produits de luxe je pourrai la remplacer. J’ai pensé à la bijouterie et joaillerie, et de là, je suis parti direct à la Place Vendôme me présenter à des fabricants et commerçants de la Place. Mon concept a plu.

Quels étaient les défis les plus importants que vous avez rencontrés en vous lançant dans la joaillerie ?

Herman Mfuanani à Monaco en 2024. © Franz Fox Kennedy

Mon défi le plus important dans la joaillerie fut tout d’abord de me convaincre moi-même que j’étais devenu bijoutier joailler. A mes débuts avec mon mentor un ancien joaillier avec lequel j’avais travaillé plus de 10 ans pour une grande maison de la place Vendôme qui est aujourd’hui à la retraite,  j’ai endossé cette casquette et apprendre le métier. Mais j’ai préféré être designer donneur d’ordre que de les  fabriquer de mes propres mains. C’est un métier qui demande de l’investissement personnel. Beaucoup l’ont appris de père en fils, et je préfère m’appuyer sur leur expériences et leurs prouesses artisanal.

Vous avez collaboré avec des designers prestigieux et tenu une boutique sur la Rue Danielle Casanova. Que retenez-vous de cette expérience ?

Mon mentor designer joaillier rêvait d’une boutique dans le quartier de la Place Vendôme. Son désir était si fort, qu’un jour j’y suis retourné à la recherche d’une boutique pour pouvoir exposer et vendre notre collection de bijoux. Après plusieurs jours de démarchage, j’ai trouver un associé pour l’ouverture de la boutique rue Danielle Casanova, rue qui se trouve à l’angle de la Place Vendôme et de la rue de la Paix. Notre bail était de 5 ans non renouvelable. Ce fut une telle une consécration, que le journal de 20h de France 2 , et le journal de M6 ont fait un reportage, me disant que j étais le premier jeune et le premier Noir qui avait une boutique quartier Place Vendôme. Le lendemain de la diffusion, j’ai eu des personnes du métier et de la Place Vendôme qui me souhaitaient la bienvenue. Je me rappelle d’une personne qui m’a dit : si vous êtes arrivé ici, c’est que  vous avez dû beaucoup travailler. Ça m’avait fait sourire, mais j’ai étais quand même surpris d’un tel accueil. Ce furent des années d’expériences très constructives, j’étais voisin des marques de luxe, de la joaillerie, et j’ai tout appris le domaine du luxe, avec ses codes.

Vous vous êtes formé à Grasse pour créer vos propres parfums. Comment décririez-vous votre signature olfactive ?

Herman Mfuanani à Monaco en 2024 fait la sélection de ses fragrances. © Franz Fox Kennedy

En 2014 j’ai découvert l’univers de la haute parfumerie. J’ai suivi des formations et les conseils de nez implantés à Grasse. J’ai pris le temps de découvrir ce métier afin de trouver ma signature et l’orientation du style de parfum qui surprend, avec un sillage et une tenue très prononcés. Les laboratoires avec lesquels je travaille aujourd’hui, ont réussi à m’apporter cette vision. Je travaille avec des ingrédients naturels qui relèvent des arômes purs, qui me parlent, très concentrés et fusionnels. Ce qui permets des mélanges adéquats, pour des combinaisons olfactives d’excellence.

Nous faisons de nombreux tests, avant d’arriver au résultat souhaité. Cela peut prendre 5 à 9 mois, car je reste très exigeant pour chacun des parfums. Je veux un bestseller, nous organisons avant chaque lancement un sondage afin d’étudier les retours et apporter des ajustements si besoin.

La cristallerie est un art exigeant et unique. Qu’est-ce qui vous a attiré vers cette discipline ?

Oui c’est un domaine artisanal exercé par des marques qui ont plus de 50 ans d’existence. Elles sont peu sur le marché. J’avais décidé de fabriquer des flacons en cristal pour apporter un concept nouveau, et pouvoir mettre mes fragrances dans des flacons en cristal pour une clientèles très exigeante désirant des produits d’art exceptionnel, car mes flacons sont une option luxe pour mes parfums. Un cadeau haut standing ou une œuvre d’art, pour décorer les intérieurs. Je me  suis associé avec un atelier spécialisé depuis un siècle de père en fils à Montbronn, la vallée et la ville de la cristallerie française. Nous avons élaboré une collection de plus de 21 références.

Vous avez dit : « l’impossibilité se loge dans la tête. » Comment appliquez-vous cette philosophie au quotidien ?

C’est phrase résonne en moi, car avant de me lancer j’avais un mur dans ma tête. Un mur qui m’empêchait de penser, de rêver, d’entreprendre, d’y croire. Le jour où j’ai brisé ce mur, ce fut la fin de toutes les hésitations. De là où je venais, je n’avais rien à perdre que d’avancer et acquérir de l’expérience. Je visualise le futur, je m’y vois déjà afin de le réaliser.

Votre parcours est marqué par un engagement éthique. Comment cela se traduit-il dans vos créations ?

Mon engagement éthique est au cœur de chaque création. Cela commence par un choix minutieux des matériaux : nous veillons à n’utiliser que des pierres précieuses et des métaux issus de filières responsables, en privilégiant les fournisseurs certifiés qui respectent à la fois les droits humains et l’environnement. Pour nos parfums, nous favorisons des ingrédients naturels issus de pratiques agricoles durables, en France, pour réduire l’empreinte écologique.

Mais l’éthique va au-delà des matières premières. Chaque création raconte une histoire qui célèbre l’artisanat, le patrimoine et l’inclusivité. Nous collaborons avec des artisans talentueux. Cela reflète ma conviction profonde : le luxe doit incarner non seulement l’excellence et la beauté, mais aussi la responsabilité sociale et environnementale.

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années, que ce soit en joaillerie, en parfumerie ou ailleurs ?

Mes ambitions futures sont nombreuses, même si je suis arrivé à ce que je voulais pour le développement de ma marque. Aujourd’hui nous travaillons pour le développement et la distribution à l’international. Après Paris, Cannes, Courchevel et Monaco en 2025, je souhaite positionner mes produits à l’étranger pour ce qui est de la parfumerie et la cristallerie.

Avec mon équipe nous étions plus axés sur la parfumerie et la cristallerie pour la production et la commercialisation. Je reviens à mon premier amour la joaillerie avec de nouvelles collections très épurés et sophistiqués à la fois. Je travaille toujours comme à mes débuts avec des ateliers ayant travaillé pour la Place Vendôme, afin de garder la qualité haute joaillerie. Pour les pierres précieuses, je travaille avec un partenaire qui se trouve à Anvers. En ce qui concerne les parfums, à partir du mois de septembre il sera possible de s’offrir les parfums W&w en format 50 et 100 ml qui pour l’instant ne sont disponibles qu’en format 30 ml.

2026 marquera la sortie de la montre horlogerie W&w Swiss made, en partenariat avec un atelier haut de gamme à Genève. Je réalise tous les designs des montres pour homme et femme. L’atelier Suisse les conçoit et apporte leur savoir-faire et leur mouvement d’horlogerie. 

Quelle stratégie de communication avez-vous mise en place pour la promotion de tous vos produits ?

A mes début j’avais réussi à faire connaitre ma marque et mes produits lors des événements que j’organisais sur les Champs Elysées, où j’étais en direct avec le public et de futurs client(e)s. J’ai gardé la même méthode, mais  aujourd’hui je préfère m’associer avec des professionnel de l’évènementiel, des agences privées et des sociétés comme  Royal Gentlemen. Ils organisent des galas, des soirées, des diners de prestige pendant les Fashion Week à Paris , le festival de Cannes et le Yacht Show de Monaco. Cela nous permet avec mon équipe de réaliser des ventes privées et présenter les nouvelles collections à une clientèles haut de gamme.

Quels conseils donneriez-vous à de jeunes créateurs ou entrepreneurs qui souhaiteraient suivre vos pas ?

Mon conseil c’est d’y croire dur comme fer. Comme si vous étiez déjà au sommet, et de fournir les efforts pour y arriver, sans relâche, en se fixant des étapes à gravir comme les marches d’un escalier. Pour arriver au sommet il faut entamer ce processus et surtout ne pas s’enfermer dans des objectif limités dans le temps. Si on les atteint pas cela évite d’être frustré. Il faut se donner du temps pour construire quelque choses qui perdurera. Le monde ne s’est pas fait en un jour, il faut resté concentré, et prendre le temps de bien faire les choses sur du long terme. Les bonnes choses se font toujours avec le temps, en travaillant on voit toujours le résultat de nos effort. Patience persévérance et focus sont les 3 états d’esprit qui gagnent, et Dieu merci, avec ça on fait des exploits.

Photos de couverture : Karl Taurens

Plus d’infos :

Herman W&w Paris : Contact@wwparis.fr

Siège social – W&w Paris : 231 rue Saint Honoré – 75001

Instagram : @wwparis_

La marque est disponible aux adresses suivantes :

Sagil 242, rue de Rivoli 75001 Paris

Cristal Concorde 218, rue de Rivoli 75001 Paris

Bertrand Prestige 14, avenue de Friedland 75008 Paris

Les Grandes Alpes, Espace Diamant 73120 Courchevel

1850 Haute Parfumerie