Marie-Claire Diawara : « Que les Africaines osent et croient en leurs rêves ! »

Femme d’affaires au parcours original et inspirant, Marie-Claire Diawara PDG de DS Touch Corporate, vient de créer sa marque Saora et d’ouvrir à Bamako une boutique de parfums haut de gamme. Elle a déjà de grandes ambitions entrepreneuriales dans toute la sous région. Interview exclusive pour « Divas Magazine».

Propos recueillis par notre envoyé spécial à Bamako, Bruno Fanucchi

Vous participiez à la 10ème Nuit de l’Entrepreneuriat qui vient de se dérouler à Bamako. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?

Ce fut un superbe événement très réussi et fort utile pour le Mali. C’est un travail de longue haleine qui a permis à son promoteur, Bouba Traoré, d’arriver à mener à bien cette 10ème édition dont le thème était d’une parfaite actualité pour nous autres entrepreneurs : « Le futur en Afrique s’écrit en Afrique : innovation, croissance et inclusion ».

Avec un travail considérable réalisé en amont pour trouver les sponsors et partenaires, pour prévoir les panels de qualité, les nombreux stands d’entreprises et la présence des autorités pour la cérémonie d’ouverture. C’est tout un écosystème qui se mobilise pour donner un véritable impact à l’événement devenu au fil des ans le rendez-vous économique incontournable de la sous-région.

Bouba Traoré a su tirer profit des échecs rencontrés dans le passé et a désormais adapté une nouvelle stratégie: la Nuit de l’Entrepreneuriat devient le Forum International de l’Entrepreneuriat au Mali (FIDEM) qui va faire longtemps parler de lui.

Le Mali a plus que jamais besoin de leaders et d’exemples à suivre ?

Cette 10ème édition était d’ailleurs parrainée par Diadié Sankaré, un homme parti de rien et qui a fondé il y a 33 ans SAER Group, aujourd’hui présent dans une douzaine de pays d’Afrique et employant plus de 18.000 salariés. C’est un véritable exemple à suivre pour la jeunesse malienne qui a besoin non seulement de travail mais de modèles. A l’image d’autres Maliens qui ont réussi dans les affaires comme Mossadeck Bally, fondateur du groupe hôtelier panafricain Azalai, Cessé Komé de la chaîne Radisson Blue ou Ibrahim Diawara, d’IB Group. Plus modestement, je m’inscris dans cette démarche d’excellence entrepreneuriale.

Car vous êtes avant tout une femme d’affaires…

Je suis en effet PDG de DS Corporate, qui est un  groupe spécialisé dans le BTA (Bâtiments, Travaux, Architecture) car, après des études d’architecture au Canada, je me suis passionnée pour le design d’intérieur. Au sein de ce groupe, nous avons cinq filiales. A commencer par DS Architecture et Design qui est spécialisée dans tout ce qui est conception de plans et 3 D. Sahel Builders, une autre société spécialisée dans la construction de maisons et tout ce qui est travaux de « gros œuvre »

DS Immobilier pour les projets immobiliers, avec un focus sur la diaspora malienne qui a de grands besoins auxquels nous voulons répondre sérieusement pour réguler le marché.

DS Communication qui assure une promotion du Groupe ainsi que des entreprises avec lesquelles nous travaillons grâce à une communication à 360° très active sur les réseaux sociaux.

Et enfin Saora, qui est notre marque de parfums d’intérieur que nous venons de créer.

Pouvez-nous nous parler de votre dernier né ?

Saora, qui veut dire en bambara «l’ aura », est une société que nous venons de lancer en décembre 2024 avec l’ouverture d’une boutique de luxe très bien placée à Bamako, à l’ACI 2000, le quartier des affaires de la capitale malienne. Nous y avons fait une très belle journée de lancement qui a eu un grand succès le 13 février dernier, à la veille de la Saint Valentin.

Comment en êtes-vous arrivé là ?

Je me définis comme une femme d’affaires qui a vraiment la fibre entrepreneuriale. Pour revenir sur mon parcours personnel, j’ai grandi entre la France et le Mali et j’ai commencé de travailler à 17 ans en ouvrant à Bamako une boutique de vêtements que j’avais baptisée « Claire Chic ». C’était un petit local ouvert dans le quartier de Faladié. En parallèle de mes études, je vendais ainsi des vêtements (hommes et femmes), des costumes, mais aussi des sacs et des chaussures, etc.

Après l’obtention de ma licence en marketing et commerce international, que j’avais faite à Bamako en 2012/2013, j’ai décidé de changer d’orientation, de partir au Canada pour apprendre l’anglais et y poursuivre des études d’architecture et de design à Winnipeg, puis Montréal. Ce fut une très belle expérience à l’international.

Quand êtes-vous rentrée au Mali ?

Je suis revenue à Bamako en 2017 où j’ai créé ma société DS combinant les patronymes de mon père et de ma mère (Diawara et Sylla), DS Cabinet d’architecture. Je me suis installée dans cette même rue de Canal +, qui est le centre névralgique des affaires. J’ai commencé pratiquement toute seule et j’ai décroché quelques contrats d’aménagement et de construction.

Quand les affaires ont commencé à marcher, j’ai fait l’erreur de trop m’éparpiller et me disperser. J’ai ouvert un restaurant, une salle de sport et j’ai connu de grands échecs, mais c’est au travers des échecs qu’un bon entrepreneur apprend à réussir.

Après toutes ces aventures, je me suis donc recentrée sur l’essentiel et mes activités dans l’architecture et le design en créant un groupe multi-services : DS Touch Corporate.

Comment se recentrer sur l’essentiel : n’est-ce pas les parfums d’intérieur qui font votre succès ?

Vous avez parfaitement raison. Dans mon bureau, j’avais depuis longtemps un espace, où je vendais les produits allemands « Rituals », avec lesquels je travaillais en B2B. Revenir à l’essentiel fut pour moi de créer ma marque. Or créer une marque aux normes internationales comme Saora, ce n’est pas si facile. Cela nous a pris trois ans pour développer le concept, trouver les essences, les noms de chaque parfum tous à consonance africaine et les usines avec lesquelles nous pouvions travailler avec la qualité souhaitée. D’où le lancement officiel de la marque en décembre dernier à l’occasion du DS Meet, la rencontre annuelle organisée avec nos clients et partenaires. Soara fut au cœur de ce lancement car un espace qui sent bon cela fait partie de l’aura de nos clientes, de leur cadre de vie et de l’énergie qu’elles dégagent.

Et que s’est-il passé le 13 février dernier ?

En présence de nombreuses personnalités de la place, ce fut dans notre boutique un grand cocktail de lancement, après avoir pris bien soin de former tous nos personnels aux différentes senteurs et techniques de ventes. Car nous avons l’ambition d’offrir aux Maliens comme à tous les Africains et Africaines des parfums et produits haut de gamme. Nous avons le projet, bien sûr, d’ouvrir rapidement d’autres boutiques à Bamako et dans la sous-région, à Conakry, Dakar et Abidjan notamment. Et, ce 8 mars, nous lançons notre site (www.saora.com) à l’occasion de la journée  de la femme.

N’êtes-vous pas d’ailleurs à la tête d’une organisation de femmes ?

Je suis en effet la Présidente de l’Association des Femmes Environnement du Mali (AFEEM), que j’ai fondée en 2023 car je crois que la femme africaine est pleine de potentiel. Il faut plus que jamais que les Africaines osent, croient en elles et en leur avenir, qu’elles croient en leurs rêves !

Car j’ai une vision du nouveau mode de vie pour les Africaines et j’en ai donné le nom à notre nouveau parfum : le NAWOL ou New African Way Of Life !

Sur la notice de ce parfum, vous pouvez lire : « Nawol est ma lettre d’amour à l’Afrique. Chaque note évoque mon enfance explorant les marchés animés et les sentiers boisés. Un hommage au nouveau mode de vie africain ».

Quand je suis passée de l’architecture aux parfums, je me suis évertuée à toujours livrer mes chantiers avec une mise en scène travaillée et une ambiance parfumée. Et très vite, c’est devenue ma signature reconnue dans tout Bamako.

Pour vous, qu’est-ce qu’une « diva » ?

Une diva, c’est une personne inspirante qui peut impacter toute une génération. C’est quelqu’un dont on peut s’inspirer de manière positive pour son développement personnel et devenir un exemple à suivre. Personnellement, j’aspire avec humilité à le devenir pour inspirer à mon tour cette future génération de femmes entreprenantes, dynamiques et visionnaires.

Pour en savoir plus  :www.saora.com