Miss Guinée 2024 : investir en faveur de la femme pour qu’elle contribue au développement du pays
De notre envoyé spécial à Conakry, Bruno FANUCCHI
Organisatrices du concours de Miss Guinée 2024, dont Divas Magazine est partenaire médias, les sœurs Aminata et Binta Diallo multiplient depuis de nombreuses années les initiatives originales pour que les Africaines en général, et les Guinéennes en particulier, « prennent leur destin en main » et participent au développement économique de leur pays.
Formées aux États-Unis, où elles ont étudié et vécu l’une et l’autre, mais rencontrées à l’occasion du 13ème FIED (Forum International des Femmes Entreprenantes et Dynamiques), qui vient de se dérouler à Conakry du 28 au 30 octobre, elles témoignent de leur volonté de faire bouger les choses dans un pays en pleine mutation, où les femmes ont à l’évidence un rôle de plus en plus grand à jouer. Interview croisée.
Aminata Diallo, femmes d’influence, quelles sont aujourd’hui vos principales activités et responsabilités ?
Je suis depuis deux ans la Présidente du Comité d’organisation Miss Guinée qui représente, ici, un événement phare de la nouvelle image que veut donner notre pays sur la scène internationale. Mais je suis également la fondatrice du Centre de formation professionnelle de couture et des métiers de la mode (KPAAF), qui a ouvert en décembre 2019 et a permis de former et d’insérer dans la vie active plusieurs centaines de jeunes filles en Guinée, fondatrice de Mina Foundation Guinea aux États-Unis et cofondatrice de la Guinée Fashion Fest à Conakry.
Et l’élection de Miss Guinée 2024, c’est bientôt ?
La finale se déroulera le 30 novembre prochain au Palais du Peuple, à Conakry, là même où vient de se dérouler le FIED avec la participation de plusieurs milliers de femmes et de personnalités venues de l’étranger comme l’ancienne Présidente de Centrafrique, Mme Catherine Samba Panza, marraine de cet événement prestigieux. Nous y étions.
Un concours très prisé comme comme celui-ci, c’est une sacrée organisation : combien avez-vous eu de candidates cette année ?
Il y a, bien entendu, en amont tout un long travail de sélection qui se fait dans les quatre grandes régions naturelles de notre pays (la Guinée forestière, la Haute Guinée, la Basse Guinée et la Guinée maritime), sans oublier Conakry, la capitale qui compte plusieurs communes. A l’intérieur du pays, des centaines de jeunes filles ont donc voulu se présenter et tenter leurs chances. Disons une centaine dans chaque région. Dans chacune des quatre régions, nous en avons sélectionnées trois (la Miss régionale et ses deux dauphines) et pour la zone spéciale de Conakry nous en avons retenues huit, ce qui fait à l’arrivée vingt candidates sélectionnées pour la finale. Plus deux candidates représentant la diaspora venues cette année d’Allemagne et du Canada.
Et quels sont les critères de participation ?
Nous avons des critères on ne peut plus sérieux auxquels aucune des candidates ne peut déroger : avoir plus de 18 ans mais 28 ans maximum, savoir lire et écrire en français, avoir au minimum le bac, ne pas être déjà mariée et avoir un « projet social » original et qui tienne la route. Et enfin avoir bien entendu une vie saine et naturelle, ce qui veut dire ne pas être droguée ou tatouée et ne pas être non plus adepte par exemple des produits éclaircissant la peau qui sont nocifs pour la santé.
« un concours qui met en lumière de belles jeunes filles, intelligentes, autonomes, et qui impactent leurs communautés »
Aminata Diallo
Quel est le véritable but recherché dans ce concours de beauté dont Divas Magazine est partenaire ?
Nous souhaitons que toutes les jeunes filles guinéennes se sentent belles et qu’elle aient un impact social et économique car, en plus du projet social, on leur demande de présenter un projet bancable pour qu’elles recherchent des sponsors pour financer des sociétés que l’on va les aider à trouver ou à créer. C’est concret.
Car cette élection a aussi un rôle économique indéniable qui nous semble très utile aujourd’hui pour notre pays. Le thème retenu de cette année est d’ailleurs on ne peut plus explicite : «Investir en faveur de la femme pour qu’elle contribue au développement du pays ». Le but, parfaitement avoué, est donc d’avoir en Guinée des femmes belles, intelligentes et autonomes qui impactent leurs communautés.
Et vous, Binta, top model de grande réputation, quel est votre rôle dans toute cela ?
Comme vous l’avez bien compris, avec ma sœur aînée Aminata, nous faisons beaucoup de choses ensemble depuis plusieurs années pour stimuler les femmes, les pousser à réussir et créer des synergies utiles à la Guinée. Car il nous faut provoquer des retombées économiques concrètes dont toutes les femmes du pays puissent profiter. C’est ainsi que je suis aujourd’hui à ses côtés la coordinatrice du concours de Miss Guinée. Et c’est chaque année un véritable challenge, d’autant que l’appellation même de Guinée signifie « la femme ». La barre est donc placée très haut.
Mannequin de profession, j’ai défilé à travers le monde pour de grands stylistes comme Adama N’Diaye, Elie Kuame ou Alphadi au FIMA. Puis j’ai fondé en 2016 la Guinée Fashion Fest pour faire bien entendu la promotion à l’international des stylistes locaux, nombreux et talentueux dans notre pays où la femme attire tous les regards. Et la sixième édition de cet événement de mode s’est déroulée avec succès au mois de juin dernier à Conakry avec pour thème : « Comment développer une mode éthique ».
Qu’est-ce que ce concours peut apporter de plus aujourd’hui à votre pays ?
Je pense que les jeunes filles qui ne seront pas élues seront fières d’y avoir participé. Car elles vont assurément apprendre de cette belle expérience et sortir avec un projet qu’elles vont développer à leur manière et qui peut les aider à devenir chef d’entreprise. Une expérience qui, demain, peut les aider à prendre leur vie et leur destin en main, à trouver un travail ou même à créer leur entreprise. Ce concours a un volet économique important et cela leur ouvre de véritables opportunités.
Peut-on faire un lien avec le milieu de la mode que vous connaissez bien ?
Le lien avec la mode est évident puisqu’elles vont toutes être habillées par un styliste de plus ou moins grande réputation, que ce soit pour les tenues traditionnelles, les robes de soirée ou même les maillots de bain. Je vous cite pêle-mêle quelques noms : Zamode Comoros, La Rouhe Design Guinée, Kiyara Mode Côte d’Ivoire, Fashion Canté de Guinée Bissau, Kallo Holding Guinée, Traxel Dakar, Mounir Moda Sénégal, Kemansa Guinée… Autant de marques qui toutes vont collaborer avec KPAAF (notre École de couture ouverte à Conakry), notre maison mère. Or l’on sait que les industries culturelles et créatives peuvent être en Afrique source de nombreux emplois pour les nouvelles générations.
Un dernier mot de Mme la Présidente…
Au terme de tout ce processus de présélection et de ce beau concours, on espère couronner une Miss 2024 qui deviendra l’ambassadrice de charme de notre pays, qui fera la promotion de la Guinée dans le monde entier, la promotion de son artisanat, de ses robes, de ses costumes et de ses coutumes. Et il y a, là encore, un rôle économique évident. (Aminata Diallo).
Plus d’infos :
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