Coralie Jean-François, mannequin d’origine martiniquaise, dévoile les coulisses souvent méconnues du mannequinat dans son livre Strass et Paillettes. Son récit courageux et drôle à la fois, offre un regard sans filtre sur un monde souvent glorifié mais rarement questionné. Aujourd’hui, c’est pour les aspirants mannequins et ceux qui s’intéressent à la mode que la jeune Antillaise publie, Strass et paillettes.

Portrait et interview

Photo de couverture : Santiago Elliott et Dopl world 

Repérée à 15 ans par la directrice d’Elite Model Look France

Capture d’écran

Coralie Jean-François, a captivé les projecteurs avec ses traits exotiques et son charisme naturel. Originaire de la Martinique, elle a conquis les podiums du monde entier, incarnant l’élégance et la sophistication dans des campagnes publicitaires de renommée internationale, et depuis connaît tous les contours du métier de mannequin. Mais avant de travailler pour les plus grands à l’image de l’iconique Jean-Paul Gaultier en passant de la griffe italienne Miu-Miu à l’américain Ralph Lauren au style preppy reconnaissable entre mille, Coralie a été une new face. Dans le milieu, c’est ainsi que l’on appelle les nouveaux visages du mannequinat. A 15 ans, elle est repérée par la directrice d’Elite Model Look France. Ses parents soucieux de la protéger d’un univers qu’ils ne connaissent pas du tout, souhaitent qu’elle se concentre sur ses études. Son diplôme d’école de commerce en poche, elle se lance enfin dans ce monde méconnu.

Un guide pour éclairer celles et ceux qui veulent exercer cette profession

Si parfois derrière le glamour des défilés et des séances photo se cache une réalité beaucoup plus complexe et parfois cruelle, Strass et Paillettes se veut un guide pour éclairer le chemin de celles et ceux qui veulent exercer cette profession. Coralie insiste sur le mot profession pour décrire le mot mannequin, car être mannequin n’est pas un statut qui aurait pour seule réalité les podiums des défilés, mais bien un métier avec ses règles et ses codes, qui donne les outils pour démarrer sereinement une carrière dans ce métier. Conseils juridiques, astuces pour mettre toutes les chances de son côté afin d’intégrer une agence et avoir les clés pour bien la choisir, hygiène de vie, et rémunération… Le livre balaie tous les thèmes de cet univers qui bien souvent fait fantasmer. Court et extrêmement efficace, il est à mettre dans les mains de toutes celles et ceux qui rêvent d’arpenter les podiums, de devenir le nouveau visage d’une marque, ou d’illustrer les magazines de papier glacé tout en incitant à la réflexion et à l’action.

© Santiago Elliott et Dopl world 

Le premier chapitre de votre livre s’intitule : un métier qui te choisit. Mais c’est vous qui décidez au final si vous y aller ou pas ?

Oui et heureusement vous êtes libre de choisir (ou pas) de vous lancer dans cette carrière. Personne ne doit vous forcer à faire quoique ce soit, et ceci vaut dans tous les domaines de votre vie. Lorsque je dis que c’est : « un métier qui te choisit », c’est juste un constat. Beaucoup de personnes rêvent de devenir mannequins, et pourtant peu font carrière. Dans la majorité des cas, les mannequins que j’ai rencontrés ont été « scoutés » par hasard, et n’avaient jamais imaginé en faire leur métier (d’ailleurs il n’y a pas de cursus pour devenir mannequin). Je pense aussi qu’il faut que ce soit votre moment et que “les étoiles soient alignées”. Par exemple, avant de signer avec mon agent, j’avais tenté de contacter par moi-même des agences, et ça avait été un échec total…et regardez maintenant, j’ai des agences à Paris, à Milan à New-York…

Vous insistez sur le fait qu’il faut être bien entourée, est-ce que ce fût votre cas ?

Lorsque vous êtes mannequin, vous êtes sollicité par beaucoup de gens, et il vous faudra vous entourer de personne de confiance qui seront un peu votre « rock ». J’ai eu effectivement la chance d’être bien entourée. Déjà par mon agent qui a toujours cru en moi, et qui a su me pousser quand je perdais toute motivation, et que je voulais lâcher. Ensuite j’ai trouvé des agences dans lesquelles je me sentais bien, avec des bookeurs qui m’ont acceptée telle que je suis, et qui m’ont même aidée « à me trouver ». Et puis surtout, il y a eu ma famille et mes amis qui ont été d’un immense soutien, que ce soit sur le plan moral et matériel, (surtout au début de ma carrière ou les fins de mois étaient compliqués).

Vous conseillez également d’avoir un plan B C D E voire F, quel était le vôtre au cas où… ?

Mes parents ont toujours mis un point d’honneur sur les études, et nous ont inculqué très tôt la valeur du travail. Je me souviendrai toujours de cette phrase que mon père m’a dite lorsque j’ai été repérée par élite : « je préfère que tu travailles au MacDo, plutôt que tu partes faire du mannequinat ». Sur le coup je lui en ai beaucoup voulu, mais avec le recul, je le remercie de m’avoir forcée à poursuivre mes études et de m’avoir donnée le goût du travail. Cela m’a permis d’obtenir un diplôme et de vivre ma carrière de mannequin plus sereinement, en ayant des portes de sortie, le jour où le mannequinat s’essoufflerait, ou que je déciderais d’arrêter. Personnellement je suis du genre à vouloir toucher à tout, et même si je doute énormément, je n’ai pas peur de me lancer dans de nouvelles aventures, donc des plans j’en ai jusqu’à Z !

Vous donnez des conseils pour gérer son argent, sa déclaration d’impôt, avez-vous pu mettre de l’argent de côté et investir ?

J’ai eu beaucoup de mal à économiser. Déjà on ne va pas se mentir, au début j’ai profité. Ensuite j’ai beaucoup investi en moi pour atteindre mes objectifs (alimentation, coach sportif, visa, frais de déplacement à l’étranger pour les Fashion Week…). Et puis il y a eu le Covid, qui a fait que j’ai dû piocher dans le peu d’économie que j’avais, car malheureusement, du fait des particularités du statut de mannequin, il a été très compliqué de bénéficier d’aides, et je suis restée pratiquement un an sans activité. Cette période a été un vrai déclic, et c’est là que j’ai réalisé l’importance de gérer plus intelligemment mes revenus, ce qui m’a permis de mener à bien certains projets qui me tenaient à cœur.

C’est bientôt la Fashion Week de Paris, et vous abordez un chapitre avec humour que vous intitulez : les hunger games de la mode

La Fashion Week est « l’événement » incontournable de la mode, et peut être un véritable tremplin pour les mannequins ! Mais c’est aussi une période qui peut être vécue avec beaucoup d’appréhension chez certain.e.s, et souvent lorsque l’on débute, on en a une idée très fantasmée, ce qui amène à se prendre une véritable claque une fois confrontée à la réalité moins glamour. Fatigue des voyages si vous enchaînez New-York-Londres-Milan-Paris, stress des castings, pression financière, pression de la « concurrence », baisse du système immunitaire, ascenseur émotionnel, remise en question… Certains comparent les mannequins à des athlètes de haut niveau, et c’est encore plus vrai pendant la Fashion Week, où vous : courrez les castings, restez parfois debout des heures dans le froid à attendre pour un casting, enchaînez les essayages et les défilés… Tout cela demande d’avoir une bonne condition physique et surtout mentale… Le plus important est de ne pas se mettre la pression, de relativiser, et de profiter de la chance qui s’offre à vous.

Pour finir, partagez -nous quelque must have qu’il faut avoir dans son sac ?

Ce n’est qu’une petite liste non exhaustive, mais je dirai que les must have à avoir lors d’un casting dans son sac sont : ses composites, ses talons, son book, une batterie portative, et bien sûr son portable.