Crédits photos : FIMO228FRANCE

La 2ème édition française du FIMO228 créé par le Togolais Jacques Logoh, vient de se dérouler à Vincennes lors d’une très belle soirée festive et riche en couleurs, présentée par Ayden. Avec plus d’une dizaine de créateurs africains de talent. Rencontre avec la styliste ghanéenne Katie Olympio.

Vous étiez l’une des stylistes vedettes de la 2ème édition française du FIMO228. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette très belle soirée ?

Jacques Logoh, le fondateur du FIMO228 avec la styliste Katie Olympio (Photo DR)

Paris est l’une des principales capitales de la mode et c’est très important pour nous autres stylistes africains de nous faire connaître à l’international et bien évidemment ici à Paris. C’est ma deuxième participation à cet événement de qualité créé initialement au Togo par Jacques Logoh, son fondateur. C’est un homme que j’apprécie car c’est un styliste qui fait de belles tenues. Il bosse bien, travaille beaucoup et fait tout avec passion. Étant d’origine togolaise, même si je suis née et vit aujourd’hui à Accra, au Ghana, je participe depuis toujours au FIMO228, qui a lieu chaque année en février à Lomé. J’y ai même reçu le « Prix de la meilleure styliste » en 2022.

La marraine de l’événement – dont elle fut également l’un des sponsors – était de surcroît cette année une Togolaise de grande réputation : Mme Krystel Dicoh, une femme au grand cœur qui est aussi une femme d’affaires puisqu’elle est à la fois PDG de Krystal Optique et du magazine Dagan, premier bimestriel consacré aux femmes du Togo. Le thème de cette année était : « La mode pour un monde sans cancer »… Un thème de circonstance à la veille du mois d’octobre et de la traditionnelle campagne « Octobre rose » contre le cancer du sein chez les femmes.

Autant d’excellentes raisons de participer à cette nouvelle édition du FIMO et d’y faire connaître ma dernière collection, à laquelle j’ai donné le nom d’Angelica Doris. Quatorze mannequins femmes et un homme ont ainsi défilé pour moi et je les en remercie.

Parlons précisément un peu de vous. Pouvez-vous nous retracer brièvement votre carrière ?

La styliste Katie Olympio (Photo DR)

Après une belle carrière de mannequin ayant défilé pour de nombreux créateurs de talent comme Alphadi, le fondateur du FIMA (Festival international de la mode en Afrique) en 2003 au Niger, Kwessi Antwi à Lagos, au Nigeria, Kofi Ansah (disparu il y a dix ans) au Ghana, ou pour de grandes marques comme Vlisco, je me suis lancée à mon tour comme styliste. Puis j’ai créé ma propre marque Katie O Eleganza et ouvert une boutique à Accra en 2019.Nous sommes aujourd’hui au Ghana, au Togo, au Bénin, en Côte d’Ivoire, mais aussi à Londres.

« Au Ghana, je suis sortie major de promotion en 2019 »

D’où vous vient cette passion pour la mode ?

A l ‘époque, jeune mannequin, je regardai attentivement comment les stylistes connus imaginaient et fabriquaient les belles tenues que nous portions lors des défilés de haute couture. Personnellement, j’aimai déjà bien m’habiller. Et j’ai trouvé mon style pour devenir moi aussi créatrice et styliste. Ce fut ma motivation première pour me lancer et percer dans ce milieu de la mode, vers lequel tous mes proches me poussaient.

Je suis alors partie poursuivre des études à Londres, où j’ai appris à coudre alors que j’entamai une carrière de mannequin professionnel, puis je suis revenue au Ghana pour suivre une formation d’un an au « Joyce Ababio Collège », dont je suis sortie major de promotion en 2019. Dans la foulée, j’ai concouru pour la compétition Vlisco réservée aux élèves sélectionnés et j’en suis également sortie avec le premier Prix. Il restait à me mettre au travail… et cela commence à payer.

Au Ghana, comment cela se passe-t-il aujourd’hui ? Combien de personnes votre société fait-elle travailler ?

Au Ghana, où j’ai vraiment commencé dans ce milieu il y a 5 ans, il y a plein de designers et de stylistes et il faut donc faire son trou comme partout. J’y fait chaque année un grand défilé dénommé « Rhythms on the run way » lors de l’ « Accra fashion week », mais c’est un événement local qui reste au Ghana et ne franchit pas les frontières. Or, dans ce monde de la mode où la concurrence est rude, il est important pour moi aujourd’hui de me faire connaître sur la scène internationale, bien au-delà de mon propre pays.

A Accra, nous privilégions toujours nos tissus et la production locale. Aujourd’hui, j’ai mon atelier et ma boutique qui a pignon sur rue. J’ai deux jeunes assistantes pour ma boutique et cinq tailleurs qui travaillent pour moi en permanence à l’atelier, plus quelques renforts occasionnels quand nous en avons besoin en raison des commandes ou des défilés. D’autant plus qu’il y a chez nous plein de jeunes qui ont du talent et cherchent du travail dans la mode.

L’industrie de la mode est-elle un secteur porteur ?

Prix de la meilleure styliste au FIMO228 de février 2022

L’un des buts du FIMO 228 est précisément de soutenir l’entrepreneuriat, et notamment l’entrepreneuriat féminin car je pense en effet que l’industrie de la mode peut être en Afrique source d’emplois, de développement et de croissance économique pour nos pays. Je cherche aujourd’hui à ouvrir d’autres boutiques ou Concept Store – éventuellement avec d’autres stylistes – pour m’implanter aussi dans d’autres pays comme le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso. Et même – pourquoi pas ? – à Paris. Car Paris me fait toujours rêver comme fait toujours rêver tous les stylistes.

Pour en savoir plus :

www.katieoeleganza.com