Il était une fois… LES MIAO
Quand l’argent rend belle…
Il est une communauté particulière, dans la région du Guizhou, en Chine, où les femmes portent des parures et des tenues d’apparat sidérantes. Rencontre avec un peuple particulièrement chaleureux.
« La beauté des faisans dorés repose sur leur plumage, celle des filles des Miao sur leurs ornements en argent… » Ce compliment chinois s’adresse à cette communauté ethnique du Guizhou qui est l’une des plus importantes en nombre parmi les cinquante-six recensées en Chine. Beaucoup vivent dans les montagnes, à l’ouest de cette province méridionale aux paysages étonnants : des maisons en bois, perchées en équilibre instable sur les pentes escarpées, à proximité des rivières, et leurs toitures chapeautées de cornes de buffles (l’animal emblématique honoré pour sa force au travail et le rôle qu’il occupe dans la vie de tous les jours). Et, tout autour, les cultures en terrasse aux lignes sinueuses : le riz, le thé, le maïs, le sorgho, le tabac et même la canne à sucre…
Un trésor de près de 15 kg !
Chez les Miao, l’accueil n’est pas un vain mot, il répond à une étiquette très codifiée. Aussi, ne passez pas à côté de leurs villages car vous manqueriez le plaisir d’une rencontre insolite avec cette ethnie particulièrement chaleureuse. C’est en effet à l’occasion d’une visite – ou lors des nombreuses fêtes qui rythment l’année – que les femmes mettent leurs plus beaux habits.
Il y a d’abord la couronne en argent sculpté qu’elles portent sur la tête. Mais aussi les bijoux étincelants, en argent eux aussi : pectoral, bracelets, bagues, pendentifs… Un trésor transmis de mère en fille pour enrichir la robe entièrement brodée. Le tout peut peser 15 kg. Et plus il y en a, mieux c’est ! Les jours de fête, elles défilent joyeuses, leurs hautes couronnes s’entrechoquant comme des bois de cervidés, ce qui les fait rire aux éclats, fières qu’elles sont d’arborer ces somptueux diadèmes. Si elles sont informées de votre venue, elles vous attendent avec, dans les mains, la coupe rituelle d’alcool de riz ou mieux, la corne de buffle évidée contenant « l’esprit de la corne », celui de leur animal sacré. Attention, c’est une boisson qui vous arrachera la gorge ! Elle vous sera encore servie durant le repas.
Ces pratiques culturelles très anciennes viennent, paraît-il, des lointaines dynasties Qin (221-206 av.J.-C) et Han (206 av.J.-C-9 ap.J.-C). Dès leur plus jeune âge, les petites filles sont initiées aux rituels d’accueil et ont droit, elles aussi, à leur habit de reine. Car ces parures extraordinaires ne sont pas que des ornements, elles transmettent une tradition enracinée dans la vie sociale de la communauté. Les Miao ont su résister aux tentatives d’assimilation des Han (l’ethnie majoritaire en Chine, NDLR) et aux endoctrinements de Mao en vivant à l’écart dans cette nature exubérante. Ils expriment surtout leur spécificité dans les fêtes, nombreuses. Telle la Course des bateaux-dragons sur la rivière Chishui, une invocation à la pluie pour demander de belles récoltes, cet animal mythique chinois étant le maître des nuages.
Enfin, notons que la beauté de ces coiffes, on la doit avant tout aux mains des artisans, experts dans l’art du moulage, du battage, de la ciselure puis de la fine sculpture des dragons, phénix, fleurs, oiseaux et autres motifs d’une délicatesse extrême. Après l’alcool de riz, un petit banquet vous attend. Riz gluant, légumes macérés, patates douces accompagnent le poulet à la citronnelle et aux piments dont le cœur est parfois partagé en signe d’amitié.
Les robes «aux cent plis»
Et puis, il y a la robe « aux cent plis »… Difficile d’imaginer tenue plus chatoyante ! Dès 8 ans, les mères initient les filles à l’art de tenir l’aiguille afin qu’elles soient capables plus tard de broder cet étonnant vêtement pour les fêtes du Nouvel An, des moissons, des bateaux-dragons ou des fleurs. Pour les festivités aussi qui accompagneront leur futur mariage. Chaque élément – papillons, fleurs, oiseaux, étoiles – figurant sur cette robe rappelle des légendes miao. L’étonnant résultat final demande de la patience et du temps. Il faut d’abord teindre et marteler le coton pour le rendre plus résistant, plus souple et servir de support aux broderies dont la variété des motifs et des points donne une idée de l’excellence de leur art.
Aller dans le Guizhou
- Office de Tourisme de la Chine
15 Rue de Berri, 75008 Paris.
Tél. : 01 56 59 10 10 - Visa
Indispensable, à retirer une quinzaine de jours à l’avance. - Aller à Chishui
Parfait état du réseau routier (autoroutes et routes nationales). L’accès de l’aéroport aux sites et villages miao de Chishui se fait en deux heures de voiture à partir des aéroports de Luzhou ou de Chongqing. - Dormir à Chishui
Jinqian Jiahu. Très bel hôtel pas loin du centre ville. De 80€ à 200€ la chambre.
http://www.booking.com/hotel/cn/chi-shui-jin-qian-jia-hua-guo-ji- da-jiu-dian.is.html - Se restaurer
La nourriture ici est délicieuse et variée. Choisissez plusieurs plats à partager selon vos goûts sur le plateau que vous faites tourner au centre de la table. - La langue
Attendez-vous à utiliser le langage des signes car l’anglais est très peu pratiqué. Un guide ou un circuit organisé sont préférables. http://whc.unesco.org/fr/list/1335/
Texte Catherine Gary, photos DR