UN VISAGE ENGAGEANT, UN SOURIRE CONFIANT ET AUDACIEUX. REGARDEZ BIEN CE VISAGE, IL EST UN EXEMPLE DE LA GÉNÉRATION DES CONGOLAISES QUI COMPTERONT DANS LE PAYSAGE ÉCONOMIQUE ET
POLITIQUE DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO DE DEMAIN QUI SE CONJUGUERA ASSURÉMENT AU FÉMININ.

DERRIÈRE CETTE TÊTE BIEN FAITE, SE CACHE SURTOUT UNE TÊTE BIEN PLEINE D’UNE FEMME REMARQUABLE ET DISCRÈTE, ANNE MBUGUJE MAREMBO, QUI RÉUSSIT DANS LE MONDE DES AFFAIRES ET SE FRAIE UN CHEMIN DANS LE PAYSAGE POLITIQUE DE SON PAYS. PREMIÈRE FEMME DIRECTRICE DE CABINET DANS UN MINISTÈRE D’ÉTAT, LE MINISTÈRE DU BUDGET DE LA RDC, ELLE EST AUSSI LA DEUXIÈME FEMME À DIRIGER UNE BANQUE, TOUT EN ÉTANT TRÈS INVESTIE DANS LE LEADERSHIP DES FEMMES ET LES CAUSES HUMANITAIRES CE QUI EN A FAIT UNE FIGURE RESPECTÉE QUI A SU UTILISER SA NOTORIÉTÉ ET SES COMPÉTENCES POUR PROMOUVOIR UN CHANGEMENT POSITIF DANS SON PAYS.

Leadership, engagement et réussite pour la RDC

Son parcours inspirant témoigne de sa détermination et de son engagement pour plus de parité en RDC, un changement voulu par le président de la République Démocratique du Congo, Félix Antoine
Tshisekedi Tshilombo.

Anne Mbuguje a débuté sa carrière dans le monde des affaires avec la vision claire de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des Congolais. Sa perspicacité et sa passion pour la finance l’ont rapidement propulsée vers le succès. Directrice générale de la BIAC (Banque internationale pour l’Afrique au Congo), cette jeune femme a d’abord étudié à l’université libre de Bruxelles. Une fois son MBA de finances en poche après une spécialisation en droit et relations internationales, elle a fait ses premières armes au sein de grands groupes du luxe tels que Christian Dior, le géant anglais Harrods, et plus tard chez JP Morgan, la plus grande banque des Etats-Unis, leader dans le domaine de l’investissement. Membre de la Commission nationale des femmes entrepreneures du Congo qui fait partie de la FEC (Fédération des Entreprises du Congo), Anne Mbuguje Marembo soutient également les jeunes et les femmes dans l’entrepreneuriat à travers des formations et la recherche de financements.

Grâce à sa fondation FAM, celle que l’on appelle affectueusement « Maman sociale » s’implique dans des questions essentielles telles que l’éducation, la santé, l’environnement et le développement économique des femmes rurales. Véritable catalyseur pour la promotion de la participation des femmes dans la politique et l’économie congolaise, elle n’a cessé de plaider à travers ses prises de parole en faveur de l’autonomisation des femmes et de leur représentation au sein des institutions gouvernementales.

Très investie dans le réseau des Femmes d’Exception du Congo (FDEC), elle y occupe la fonction de présidente de la Commission Économique et Recherche de Financement afin de contribuer pleinement à la promotion de l’entrepreneuriat féminin et d’aider les femmes à plus d’autonomie.

Divas : Depuis l’arrivée au pouvoir du Président Tshisekedi, les femmes sont de plus en plus visibles dans le paysage politique et économique de la RDC. Comment vivez-vous ce changement ?
Anne Mbuguje : En RDC, il existe tout un arsenal juridique pour la promotion des femmes, l’article 14 de la Constitution, l’adoption de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations unies, pour ne citer que ces exemples. Mais il faut que la théorie devienne une pratique palpable. En 2015, on comptait 7 femmes ministres sur 47 ministères, 2 femmes nommées à la tête des 26 nouvelles provinces et un peu moins de 10 % de femmes à l’Assemblée nationale qui compte 500 députés. Avec l’arrivée du Président Félix Tshisekedi, nous sommes en train de passer concrètement de la théorie à la pratique. Le président de la République a nommé des femmes à des fonctions stratégiques dès son premier gouvernement qui comptait 67 ministres dont 12 femmes. Dans son 2e et 3e gouvernement nous sommes passés de 27 % (15 femmes sur 56 ministres) à 28 % (16 femmes sur 58 ministres) de représentativité. Pour la première fois en RDC on a atteint ce nombre de femmes au sein d’un gouvernement central, ce qui s’approche des 30 %, le seuil minimum de représentation des femmes que l’Union africaine préconise à ses Etats membres à toutes les fonctions de haut niveau, dans toutes les structures administratives, politiques. Depuis son arrivée en 2019, on compte 16 femmes ministres au niveau central, 64 femmes députés soit 12,8 % et 23 sénatrices sur les 109 sièges soit 21,1 % de femmes.
Ces changements sont très positifs et encourageants pour les femmes et la société mais le chemin vers une parité effective est encore long que ce soit en RDC ou dans d’autres pays du continent.

Quels sont les enjeux de cette promotion du genre et du rôle des femmes dans la vie politique et
économique de la RDC ?

AM : Les enjeux de la promotion du genre et du rôle des femmes dans la vie politique et économique de la RDC sont multiples. L’enjeu majeur est qu’il permet de construire une société inclusive et durable où l’apport de l’homme et de la femme sont pris en considération tout en permettant d’atteindre l’objectif 5 des ODD qui vise à
atteindre l’égalité des sexes ainsi que l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles à travers le monde. Il faut sans cesse le rappeler mais il a été démontré que l’autonomisation des femmes stimule la productivité et la croissance économique. De ce fait les Etats ont plus qu’intérêt à promouvoir et à rendre effective la promotion des femmes. Et celle-ci passe par l’autonomisation pour ce qui est de l’économie et par l’encouragement des femmes à prendre part à la vie politique à travers notamment leur implication et intégration dans les différents partis politiques.

D’après-vous, comment les hommes accueillent -ils ces changements ?
AM : Je ne suis pas bien placée pour y répondre… (rires !) Il faudrait poser la question aux hommes.
Mais je pense que c’est un changement qu’il faut accompagner par beaucoup de pédagogie dans nos
sociétés africaines. Nous avons la chance en RDC d’avoir un chef de l’État qui a été désigné « Champion de la masculinité positive » de l’Union africaine. Et il prend son titre très à coeur ! Le concept de « Masculinité positive » est d’à-propos car il encourage les hommes et les garçons à s’engager à soutenir le mouvement le plus large pour l’égalité entre les Hommes et les Femmes et l’autonomisation des Femmes. La 1e Conférence des Hommes de l’Union Africaine sur la Masculinité Positive dans le Leadership pour éliminer la violence contre les Femmes et les Filles s’est tenue le 25 novembre 2021, organisée sous la direction de notre président de la République alors Président en exercice de l’Union africaine. Elle a donné lieu à la Déclaration de Kinshasa. Depuis, une deuxième édition de cette conférence s’est tenue en novembre 2022 comme quoi les mentalités sont en train de changer et cela ira encore plus vite quand elles changeront dans celles de nos dirigeants. Avec un président de la République comme Félix Tshisekedi qui prêche par l’exemple, je n’ai aucun doute que les hommes congolais vont lui emboîter le pas vers plus de respect et de considération des femmes et des jeunes filles.

L’année 2023 en RDC est une année électorale. Qu’est-ce qui a été fait pour inciter les partis
politiques à faire participer les femmes au processus ?

AM : En effet, cette année 2023, notre pays va organiser son quatrième cycle électoral et pour
inciter les partis politiques à faire participer les femmes au processus, une réforme électorale a eu
lieu en juin 2022 avec notamment un nouvel article 13 qui se distingue avec une mention très claire sur
l’importance d’une représentation politique 50/50. Cette loi incite les partis politiques à promouvoir la parité en leur sein en alignant les femmes dans leurs listes. Ce qui aura pour effet de supprimer les frais d’inscription pour les partis politiques qui auront aligné au moins 50 % de femmes. Ce qui a le mérite de permettre un vrai changement dans la vie politique mais encore faut-il que les différents partis politiques saisissent cette opportunité ainsi que les femmes en se présentant.

Aux jeunes femmes : « l’instruction et l’éducation sont les premières clés de leur succès.»

De nombreuses femmes s’organisent et se structurent en réseaux. Quels rôles jouent les
réseaux de femmes en RDC ?

AM : Les réseaux jouent un rôle primordial dans l’entraide, les connexions et le partage d’expérience
mais aussi dans le fait de constituer une force pour impacter sur la société et ses changements. Ce sont des facilitateurs d’inclusion et ils permettent aux femmes de se prendre en charge, qu’ils soient associatifs ou
d’entreprises. Ils permettent de fédérer les forces et de rationaliser les efforts dans la recherche de l’atteinte de buts communs. En RDC il existe plusieurs réseaux de femmes. Je fais par exemple partie des FDEC, les Femmes d’Exception du Congo, qui est une association de femmes de tous horizons qui se distinguent par leurs parcours
hors norme et qui militent pour l’émergence d’un leadership féminin inspirant.

Vous avez créé votre fondation « Fondation Anne Mbuguje ». Pouvez-vous nous expliquer quelle est sa mission, ses objectifs ?
AM : C’est en 2021 que j’ai concrétisé ce projet qui me tenait vraiment à coeur, celui de mettre en place une structure d’aide aux plus vulnérables (les enfants, les personnes âgées, la jeunesse désoeuvrée, etc.)
La Fondation Anne Mbuguje « FAM », est une organisation à but non lucratif. Sa mission est de participer à l’amélioration des conditions de vie des nécessiteux et de sensibiliser sur la protection de l’environnement. Nos valeurs sont le Partage, la Solidarité, la Tolérance, le Respect et la Redevabilité. Notre vision est d’apporter de l’espoir à travers nos actions. Cela peut paraître naïf mais il n’y a pas de vie sans espoir. C’est pourquoi nous avons adopté le slogan « L’Espoir fait vivre ». Il est simple et connu de tout le monde. Nous intervenons sur tout le
territoire de la RDC avec comme zone de prédilection la partie Est du pays du fait notamment de la situation de précarité qui y sévit depuis plusieurs décennies.

Pourquoi vous surnomme-t-on « Maman sociale » ?
AM : En Afrique nous devons être plusieurs femmes à avoir ce surnom, je pense ! C’est un surnom qui m’a été donné en rapport avec les actions de ma fondation FAM parce que nous intervenons beaucoup dans le secteur de la santé et de l’éducation.

Comment faites-vous pour concilier votre vie de famille et toutes ces activités prenantes ?
AM : Je fais comme beaucoup de femmes, je m’organise. Nous autres les femmes nous avons la
capacité de réfléchir et de faire plusieurs choses en même temps. On nous en demande tellement plus
qu’aux hommes et nous-mêmes, nous nous mettons la pression car souvent on veut être
parfaites. Mais on fait juste de notre mieux et c’est ce qui compte. Pour ma part, je commence mes journées à 5 h 30 et je ne les termine pas trop tard pour pouvoir m’occuper des devoirs de mon fils. Si j’ai des obligations en
soirée, je ne rentre pas trop tard pour être en forme le lendemain.

En tant que rôle modèle, quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui souhaitent suivre votre voie ?
AM : Je leur conseillerais de s’instruire, de se former, d’apprendre et de comprendre. Je leur dirais que l’instruction et l’éducation sont les premières clés de leur succès. Je leur dirais de ne pas avoir peur car il n’y a rien de plus paralysant que la peur. Je leur dirais d’être audacieuses, de ne pas se sous-estimer. Je leur dirais d’être gentilles, sympas surtout avec les autres filles car on ne nous apprend pas la gentillesse, et c’est une erreur ! Cultiver la gentillesse n’est pas une faiblesse mais une force car on se rend compte que les personnes qui sont vraiment gentilles dans la vie sont les plus fortes parce qu’ elles sont à un niveau supérieur de maturité et de confiance en elle.