Du 22 au 28 février 2025, le Centre Culturel de Kinshasa accueillera la troisième édition du Salon International de l’Histoire et de la Culture, Café na Culture, organisé par Congo Influence Group fondé par Pedro Mukena. Malgré l’actualité catastrophique, en raison du conflit armée dans le Kivu, la RDC montre sa résilience, avec cet événement majeur qui s’annonce comme un rendez-vous incontournable pour les passionnés d’histoire, de culture et de patrimoine avec pour thème central : La RDC : Héritage et Renaissance.

A l’origine de cet événement Pedro Mukena fondateur de Congo Influence Group (CIG), entreprise fondée en 2018, avec pour mission de promouvoir et exploiter le secteur de l’industrie culturelle, l’agroalimentaire et l’immobilier. Diplômé d’une licence en histoire politique et d’un master en administration et gestion des affaires, ce chef d’entreprise audacieux possède plus de 7 ans d’expérience dans ce secteur dynamique et en pleine croissance. A son actif, Culture Ya Mboka, qui promeut l’industrie culturelle. Ce  programme organise des expositions comme Café na culture, des conférences et des événements culturels sur les faits historiques importants, et une édition magazine culturel. Culture Ya Mboka mission la découverte des peuples, leurs traditions ainsi que les faits de société.

Interview

Pedro Mukena, qu’est-ce qui vous a motivé à créer le Salon International de l’Histoire et de la Culture, Café na Culture ?

La création du Salon International de l’Histoire et de la Culture est née de l’idée de mettre en place un écosystème réunissant les acteurs majeurs du secteur culturel. L’objectif est de favoriser des collaborations et des connexions entre ces acteurs, sans aucune exclusion. Comme vous pouvez le constater, la RDC regorge d’une immense diversité culturelle, mais celle-ci reste encore peu valorisée et insuffisamment promue. Ce salon s’inscrit comme une pièce maîtresse du programme Culture Ya Mboka, dont la mission est de promouvoir et de développer l’industrie culturelle en Afrique partant de la RDC, comme point de départ.

Pour cette troisième édition, quel est le message principal que vous souhaitez transmettre ?

Notre histoire et notre culture sont des trésors inestimables qui méritent d’être célébrés, valorisés et partagés. Elles sont le socle de notre identité et la clé de notre avenir. Ce salon est une invitation à reconnecter avec nos racines, à découvrir la richesse de notre diversité culturelle et à construire ensemble un écosystème dynamique où les acteurs culturels collaborent sans exclusion. Pour la jeunesse de la RDC, c’est une opportunité de s’approprier son héritage, de s’en inspirer pour innover et de contribuer à la promotion de notre industrie culturelle à l’échelle mondiale. L’idée maîtresse, est de faire de notre culture un levier de développement et de fierté pour les générations futures.

Pourquoi avoir choisi le thème La RDC : Héritage et Renaissance cette année ?

La RDC : Héritage et Renaissance a été choisie pour cette édition du salon car elle reflète une réalité essentielle : la République Démocratique du Congo traverse aujourd’hui une période de transformation profonde, où elle doit se réinventer et se refonder. Cette redynamisation nécessite un renouveau à tous les niveaux, économique, social, culturel et politique.

Pour y parvenir, il est crucial de s’appuyer sur ce qui nous définit et nous nourrit : notre héritage. Cet héritage englobe notre histoire riche et complexe, nos traditions, nos valeurs, ainsi que nos ressources culturelles et naturelles inestimables. Il ne s’agit pas ici simplement de se contenter de cet héritage, mais de le réinterroger, de le réinventer et de le faire renaître pour qu’il réponde aux défis du présent et aux aspirations de l’avenir.

Nous voulons insister sur l’importance de puiser dans nos racines pour construire un avenir durable et prospère. Il s’agit de réconcilier le passé et le présent, de valoriser notre patrimoine tout en l’adaptant aux réalités contemporaines. Pour la jeunesse congolaise, cela signifie s’approprier cet héritage, en tirer des leçons et des inspirations, et contribuer activement à la renaissance culturelle, économique et sociale de la RDC.

Cette thématique est un appel à la réflexion, à l’action et à l’innovation, pour que notre pays puisse se réinventer tout en restant fidèle à son identité et à ses valeurs fondamentales.

Quels sont les grands objectifs de cette édition ?

Les objectifs sont légions qui sont d’ailleurs nos principaux challenges.

Nous voulons premièrement valoriser l’héritage culturel et historique de la RDC, par une mise en lumière de la richesse et la diversité du patrimoine culturel, historique et artistique de la RDC.  En outre, sensibiliser le public, en particulier la jeunesse, à l’importance de préserver et de promouvoir cet héritage. 

En second lieu, nous envisageons de favoriser la renaissance culturelle et identitaire en encourageant une réflexion collective sur la manière de réinventer et de moderniser les traditions congolaises pour qu’elles s’adaptent aux enjeux contemporains.  Par ailleurs, inspirer une nouvelle dynamique culturelle qui contribue au développement socio-économique du pays. 

Nous avons également pour objectif de créer un écosystème collaboratif pour les acteurs culturels en réunissant les professionnels du secteur culturel (artistes, historiens, chercheurs, entrepreneurs, etc.) pour faciliter les échanges, les partenariats et les collaborations.  Toujours dans le même ordre d’idée, nous prévoyons de promouvoir une approche inclusive et participative, sans exclusion, pour renforcer les synergies entre les différents acteurs. 

En dernier ressort, nous ambitionnons de stimuler l’industrie culturelle et créative en offrant une plateforme de visibilité et de promotion pour les talents locaux et les initiatives culturelles innovantes. En d’autres termes, il s’agit d’encourager l’entrepreneuriat culturel en valorisant les opportunités économiques liées à la culture. 

Quels sont les principaux défis auxquels vous avez dû faire face pour organiser cet événement ?

L’un des principaux défis a été la gestion des imprévus et des changements de calendrier. Les bouleversements d’agenda, souvent liés à des contraintes externes, ont nécessité une grande flexibilité et une réorganisation constante des plannings pour garantir le bon déroulement de l’événement. 

Malgré l’importance de cet événement pour la promotion de la culture et de l’histoire, nous avons dû faire face à un manque de soutien concret de la part de certaines institutions publiques et culturelles. Cela a rendu plus difficile la mobilisation des ressources nécessaires et la coordination des actions. 

Plusieurs partenaires potentiels, pourtant identifiés comme stratégiques, n’ont pas montré l’engagement attendu. Ce manque d’intérêt a limité les opportunités de collaborations et de financements, ajoutant une pression supplémentaire sur l’équipe organisatrice. 

Organiser un événement de cette envergure nécessite des moyens logistiques et financiers importants. Les ressources limitées ont parfois contraint nos ambitions, nous obligeant à faire preuve de créativité et d’optimisation pour maximiser l’impact avec les moyens disponibles. 

La coordination entre les différents acteurs (artistes, historiens, partenaires, etc.) a été complexe, notamment en raison des disponibilités divergentes et des attentes variées. Cela a demandé une gestion rigoureuse et une communication fluide pour harmoniser les contributions.

Le salon se déroule du 22 au 28 février 2025 au Centre Culturel de Kinshasa. Quels seront les moments forts de cette semaine ?

L’activité comprend 4 zones principales qui font les moments forts de l’évènement.

1. Le Village Culture Ya Mboka du 22 au 28 février.

Un espace vivant et dynamique offrant une expression totale dans la culture congolaise à travers : Une exposition mettant en avant l’histoire, les savoir-faire et les traditions locales.  C’est aussi tribune d’expression artistique où les talents congolais (musiciens, conteurs, poètes, etc.) pourront s’exprimer librement. 

Dans cet espace, il y aura diverses animations culturelles pour engager le public et faire revivre l’héritage ancestral sous une forme moderne. 

2. L’ Expo Ya Mboka du 27 au 28 février.

 Il s’agit d’une exposition artistique mettant en lumière la créativité des artistes congolais sous le thème « RDC : Héritage et Renaissance », avec des œuvres inspirées de l’histoire, du patrimoine et de la renaissance culturelle du pays. 

3. Lisolo Ya Mboka  le 27 et 28 février.

 Cette zone est un espace de networking exclusif dédié aux panélistes et invités VIP, conçu pour faciliter les échanges informels entre dirigeants, décideurs et acteurs culturels. Il comprendra : 

Un open bar, propice aux discussions en toute convivialité. 

Une animation libre, favorisant une atmosphère détendue et propice aux collaborations. 

4. Conférences le 27 et 28 février.

Un programme de conférences et panels de haut niveau, accueillant des experts, historiens, intellectuels et leaders d’opinion dans une salle de 800 places. Ces échanges permettront d’explorer en profondeur les enjeux de la transmission du patrimoine, de la culture et du développement en RDC.

Quels types d’intervenants et de participants peut-on attendre pour cette édition ?

Cette édition rassemblera ainsi une mosaïque d’intervenants et de participants, alliant expertise, créativité et engagement. Cette diversité permettra de créer un espace de dialogue riche et inclusif, où chaque voix pourra contribuer à la réflexion sur l’héritage et la renaissance culturelle de la RDC et de l’Afrique.

Y aura-t-il des invités d’honneur ou des personnalités phares ?

Bien sûr, mais elles restent en surprise car elles ne veulent pas pour la plupart, être annoncé à l’avance.

Comment les artistes, chercheurs et historiens peuvent-ils participer ou contribuer à cet événement ?

Les artistes, chercheurs et historiens sont des piliers essentiels pour donner vie à cette édition du salon Café na Culture. Leurs contributions, qu’elles soient intellectuelles, artistiques ou pédagogiques, enrichiront les débats, inspireront le public et renforceront l’impact de l’événement. Leur engagement permettra non seulement de célébrer l’héritage culturel et historique de la RDC, mais aussi de poser les bases d’une renaissance culturelle durable et inclusive.

Quel impact souhaitez-vous que cet événement ait sur la culture et l’histoire en RDC ?

À travers cet événement, nous aspirons à ce que la RDC retrouve une place centrale dans le paysage culturel et historique mondial, tout en renforçant son identité et sa fierté nationale. Nous souhaitons que cet événement soit un catalyseur pour une renaissance culturelle qui profite à tous les Congolais, en particulier à la jeunesse, et qui contribue au développement durable et harmonieux du pays. L’objectif ultime est de faire de la culture et de l’histoire des leviers puissants pour construire un avenir meilleur, tout en honorant et en célébrant le passé.

Comment voyez-vous l’évolution du Salon dans les années à venir ? Avez-vous des ambitions pour une dimension encore plus internationale ?

Dans les années à venir, nous voyons le Salon International de l’Histoire et de la Culture « Café Na Culture » comme un événement en constante évolution, qui non seulement renforce son impact local et national, mais s’élève également à une dimension africaine et internationale. Notre ambition est de faire de ce salon une plateforme mondiale de référence, où la culture et l’histoire de la RDC rayonnent et inspirent, tout en contribuant au dialogue interculturel et au développement durable.

Quel rôle joue le ministère de la Culture et de l’Éducation dans l’organisation et le soutien de cet événement ?

Le ministère de la Culture et celui de l’Éducation doivent jouer un rôle essentiel dans la réussite du Salon International de l’Histoire et de la Culture « Café Na Culture ». Leur engagement va bien au-delà d’un simple soutien logistique : ils incarnent une vision stratégique où la culture et l’histoire sont des piliers fondamentaux pour le développement, l’unité et la fierté nationale. Grâce à ce partenariat, le salon devient bien plus qu’un événement : il est une plateforme de transformation sociale, un espace de dialogue et un levier pour la renaissance culturelle de la RDC.

Le conflit au Kivu, continue de peser lourdement sur la RDC. En tant qu’acteur culturel engagé, quel message souhaitez-vous adresser aux Congolais, particulièrement en cette période difficile ?

En tant qu’acteur culturel engagé, face à la crise qui secoue le Kivu et pèse lourdement sur notre pays, je souhaite adresser un message d’espoir, de résilience et d’unité à tous mes compatriotes congolais : « Nous n’avons que notre pays, la RDC, et c’est notre bien le plus précieux. Pour surmonter les épreuves que nous traversons, nous devons nous rappeler que notre diversité culturelle est notre plus grande force. Nos différences, qu’elles soient ethniques, linguistiques ou régionales, ne sont pas des faiblesses, mais des richesses qui, lorsqu’elles sont unies, peuvent nous rendre invincibles ».

L’unité est le seul chemin vers la libération et la paix. Nous ne gagnerons pas cette bataille en restant divisés. Chacun de nous, à sa manière, a un rôle à jouer pour reconstruire notre nation. Que nous soyons artistes, enseignants, entrepreneurs, jeunes ou aînés, nous devons travailler ensemble, main dans la main, pour bâtir un avenir meilleur.

Souvenons-nous de ce proverbe : ‘Seul, on va vite ; ensemble, on va loin.’ C’est ensemble, uni par notre amour pour ce pays et par notre volonté commune de paix, que nous pourrons surmonter cette crise et faire renaître une RDC forte, fière et prospère. La culture est notre arme la plus puissante. Elle nous rappelle qui nous sommes, d’où nous venons et vers où nous voulons aller. Utilisons-la pour nous rassembler, pour dialoguer, pour nous comprendre et pour avancer ensemble. Car c’est dans l’union que réside notre force, et c’est par l’union que nous triompherons.

Pensez-vous que la culture et l’histoire peuvent jouer un rôle dans la résilience du peuple congolais face à ces épreuves ?

Absolument, la culture’’ et l’histoire peuvent jouer un rôle central dans la résilience du peuple congolais face aux épreuves actuelles. La culture et l’histoire ne sont pas simplement des vestiges du passé ; ce sont des outils puissants pour construire la résilience, l’unité et l’espoir. En ces temps difficiles, elles peuvent aider les Congolais à se rappeler qui ils sont, à célébrer leurs forces et à imaginer un avenir meilleur. A travers la culture et l’histoire, nous pouvons surmonter les épreuves et bâtir une RDC plus forte, plus unie et plus prospère.

Plus d’infos

Photo de couverture : Pedro Mukena

Pedro Mukena

Cafe Na Culture

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