Simone Biles le destin d’une championne
En octobre 2019, aux Mondiaux de Stuttgart, elle remportait la 25e médaille de sa carrière, la 19e en or. Un record pour une gymnaste et un excellent présage pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. À seulement 22 ans, Simone Biles est entrée dans la légende. Pour l’athlète cependant, tout n’a pas toujours été rose et son parcours est d’autant plus impressionnant qu’il est parsemé d’embûches.
Native de Columbus dans l’Ohio (au nord des États-Unis), Simone Biles est issue d’une famille pauvre.
Lorsque la mère, Shannon, toxicomane, se voit retirer la garde de ses quatre enfants, les deux plus jeunes, Simone et sa sœur Adria, alors respectivement âgées de 3 ans et 1 an, sont confiées à leur grand-père maternel, Ron Biles et son épouse Nellie, qui vivent au Texas. Le couple les adopte définitivement en 2003.
Une séparation abrupte d’avec sa mère biologique qui offre néanmoins à Simone de nouvelles opportunités pour son jeune âge. « Je me suis mise à la gymnastique quand j’avais 6 ans, a-t-elle confié. J’étais à la garderie et on nous a fait visiter Bannon’s Gymnastix, un club de gymnastique de Houston. C’est comme ça que tout a commencé ». Au club, Simone fait la rencontre d’Aimee Boorman, qui deviendra au fil des ans le coach de tous ses succès.
La jeune athlète, déjà très douée, développe ainsi des qualités exceptionnelles. Il faut dire qu’elle tire le meilleur profit possible de sa morphologie inhabituelle : 1,45 m pour 47 kg ! Très petite de taille mais dotée de muscles qui lui donnent force et énergie, elle est très rapide dans ses courses d’élan, et peut aisément virevolter avec grâce sur une poutre. Très vite, elle devient une attraction sur les circuits nationaux et internationaux de gymnastique où elle montre une prédilection pour trois sous-disciplines : le sol, la poutre et le saut de cheval. Elle excelle également dans l’épreuve dite du concours général.
Gymnaste la plus titrée de l’histoire
En 2012, encore trop jeune pour participer aux Jeux Olympiques de Londres, elle assiste à la remarquable performance de l’équipe féminine américaine de gymnastique. Le triomphe de l’Afro-américaine Gabby Douglas et de ses coéquipières McKayla Maroney, Aly Raisman, Kyla Ross et Jordyn Wieber, inspire l’adolescente.
L’année suivante, lors de ses premiers champion- nats du monde à Anvers (Belgique), elle remporte d’entrée quatre médailles : or au sol et au concours général individuel, argent au saut de cheval, bronze à la poutre. Dès lors, d’année en année, Simone s’y impose avec grâce et brio : elle est triple championne du monde au concours général et triple championne du monde au sol en 2013, 2014, 2015, double championne du monde à la poutre en 2014 et 2015 et remporte le championnat du monde avec l’équipe américaine en 2014 et 2015.
Puis, surviennent les Jeux Olympiques de Rio en 2016. L’apothéose : les téléspectateurs du monde entier sont éberlués de voir Simone s’imposer dans le concours général individuel et dans le concours général par équipe, avant de remporter l’or au saut de cheval et le bronze à la poutre. Soit quatre titres olympiques pour une seule édition ! Après une année sabbatique, Simone Biles revient au top à Doha en 2018 où elle remporte six médailles dont quatre en or. Sa moisson de médailles a atteint de nouveaux sommets avec son exploit de Stuttgart cette année : la jeune femme glane cinq des six médailles d’or possibles.
Une combattante dans l’âme
Le secret d’un tel succès ? La réponse de Simone est sans ambages : « En gymnastique, pour réussir, il faut avoir confiance en soi, de la discipline et énormément de détermination ». Une attitude qui force l’admiration de ses aînées, l’ancienne championne roumaine Nadia Comaneci ou encore l’Américaine Nastia Liukin, championne olympique en 2008, qui ont toutes deux salué ses performances incroyables. Même de grands sportifs d’autres disciplines comme le basketteur LeBron James ou la tenniswoman Serena Williams ont fait part de leur admiration.
Sans son tempérament combatif, Simone Biles aurait peut-être déjà flanché. Surtout si l’on tient compte des épreuves qu’elle a traversées, notamment au cours de ces dernières années. En janvier 2018, elle révélait avoir été agressée sexuellement par Larry Nassar, ancien médecin de l’équipe américaine, tout comme plus d’une centaine d’autres gymnastes – dont les médaillées olympiques Gabby Douglas et Aly Raisman. Des révélations qui ont fait l’effet d’une bombe. Jugé pour pédopornographie, Larry Nassar a été condamné à soixante ans de prison.
Autre traumatisme au moins aussi douloureux pour Simone : l’arrestation de son frère Tevin M. Biles-Thomas, son aîné de cinq ans, inculpé en août 2019 pour triple meurtre, agressions et parjure. Les faits remontent à la nuit de la Saint-Sylvestre 2018 : une bagarre éclate et dégénère en fusillade lors d’une fête organisée dans un appartement loué sur Airbnb, dans le quartier de Brooklyn Center à Cleveland (Ohio). Simone n’a pas commenté directement les déboires de son frère, se contentant d’un message laconique sur Twitter : « J’essaie de digérer, ne me parlez pas ».
Première Afro-Américaine à avoir remporté le championnat du monde, Simone, qui préfère ne pas parler de la couleur de sa peau, en a vu d’autres. Les difficultés, elle connaît. De quoi rassurer ses fans qui la voient déjà tout rafler à Tokyo en 2020 !
Par Céline Konu