Star du petit écran, elle préparait depuis près d’un an son come-back sur la première chaîne ivoirienne. Cet ex-mannequin vient de lancer l’émission Immersion mode pour nous faire voyager d’Abidjan à Dakar, enpassant par Ouaga ou Libreville, dans l’univers de lamode africaine, de l’artisanat et du tourisme.

Cinq ans après avoir quitté les plateaux de la première chaîne ivoirienne, où elle animait en 2013 et 2014 tous les jours de la semaine C’midi, une émission de 52 minutes, Line Jaber signe son grand retour sur la RTI 1 et se lance un nouveau défi. Un come-back qu’elle a soigneusement préparé en parcourant de nombreux pays d’Afrique depuis plusieurs mois à la recherche de véritables pépites à nous faire découvrir. « L’objectif est de célébrer une Afrique nouvelle et créative. C’est une émission panafricaine et internationale car je suis même venue exprès à Paris pour la récente Black Fashion et la soirée de gala à l’Unesco ».

Lancée le 26 octobre 2019, Immersion Mode, qui sera diffusée tous les samedis – à midi ! – est une émission de 26 minutes pour mettre en lumière les nouvelles tendances et les nouveaux stylistes du continent, mais aussi les richesses touristiques et artisanales de bien des pays d’Afrique. Avec toujours cette touche très glamour qui fait la marque Jaber. Le programme (une quinzaine d’émissions ont déjà été enregistrées d’avance) est donc pratiquement assuré de faire un tabac. Line, qui ne manque ni de charme ni d’ambition, a déjà vécu plusieurs aventures professionnelles. À chaque fois, elle se fixe toujours une barre plus haute à franchir.

Diva des podiums

Elle a d’abord été mannequin et a défilé pour les plus grands : de Pathé’O, qui l’a encore convaincue de défiler exceptionnellement pour lui lors du dernier Fespaco, à Alphadi, qu’elle a accompagné en Libye « pour célébrer les droits de la femme », en passant par Gilles Touré qu’elle a suivi jusqu’en Inde et dont elle a toujours été l’un des mannequins favoris. Puis, elle a créé sa propre agence d’événementiel, avant de devenir animatrice et productrice d’émissions de télévision… Jusqu’à faire du cinéma, parce qu’elle aime ça ! « Je me prénomme Line car ma mère était une fan de Line Renaud, confie-t-elle, comme si ma carrière dans le spectacle et le show-biz était déjà tracée depuis ma tendre enfance. À Abidjan, j’ai d’ailleurs commencé à défiler très jeune. Je n’avais que 17 ans et j’étais encore au lycée ».

Repérée par le styliste Eloi Sessou, décédé en août dernier et auquel un hommage émouvant a été rendu lors d’un grand défilé à l’Hôtel Azalaï, Line va enchaîner pendant plus de dix ans les défilés et les podiums et sera même l’égérie de la marque Uniwax. « J’aimais bien ce styliste de talent qui travaillait les parures et les pois baoulés. Je lui dois beaucoup ». Les deux premières années, elle fait de nombreuses pubs pour la télé et devient vite très populaire. Une période très formatrice. « J’ai alors voyagé dans toute l’Afrique de Cotonou à Lomé, Dakar ou Ouaga et, vu mon jeune âge, c’était une vie de rêve ! », souligne-t-elle.

Princesse du petit écran

Entre-temps, Line Jaber – qui sait parfaitement ce qu’elle veut – fonde son agence d’événementiel « Holy Spirit Event » et dirige une centaine d’hôtesses sur les grands salons et événements qui ponctuent la vie de la capitale économique ivoirienne. Du CEO Forum organisé chaque année par Jeune Afrique au Sofitel Ivoire à la nuit de gala des « Femmes entreprenantes et dynamiques » de Djelika Yéo, qui anime l’émission éponyme sur la RTI 1. Du Salon ShieldAfrica au Salon Archibat, elle est omniprésente et efficace dans ce secteur à Abidjan, où la concurrence est pourtant on ne peut plus rude. « Faire tourner sa propre boîte, avoue-t-elle, ce n’est pas si facile, mais tous ces salons comme l’accueil des Premières dames à Abidjan, c’était top ! ».

© Jacques Naismith

Mais comment passe-t-on des podiums et défilés de mode aux plateaux de télé ? « La télévision n’était pas un monde inconnu pour moi car je l’ai connu dès l’âge de 9 ans avec les ‘Oiseaux du monde’, mouvement avec lequel j’avais déjà beaucoup voyagé car nous étions de jeunes enfants ambassadeurs de l’Unicef ». « En 2013, la RTI avait besoin de filles pour le casting d’Intervilles, la célèbre émission de Guy Lux dont la chaîne voulait faire une version ivoirienne et mon agence a été retenue pour leur trouver les ‘pompom girls’. Puis j’ai proposé au directeur artistique une chronique régulière sur la mode et j’ai passé un casting pour cette nouvelle émission. Je suis partie alors en vacances quelques jours à New York et – ironie du sort – la Libanaise qui avait été initialement retenue était devenue injoignable. À mon retour, le producteur m’a demandé si cela m’intéressait toujours. J’ai repassé le casting et je l’ai emporté. J’ai fait quatre saisons de suite comme chroniqueuse de C’midi en donnant libre cours à ma passion. Ce fut une aventure fabuleuse et cela m’a donné une grande notoriété en Côte d’Ivoire et bien au-delà. Je suis très fière de mon parcours car j’ai la chance aujourd’hui de produire ma propre émission ».

Discrète bienfaitrice

Toujours souriante, Line Jaber est bel et bien devenue une vedette du petit écran et y a rapidement pris goût sans se prendre la tête pour autant. « Je suis restée moi-même : la tête dans les étoiles, mais les pieds bien sur terre, même si j’aime tout ce qui brille ». Après une belle expérience et un second rôle dans la série télévisée ‘Boutique hôtel’ produit par la jeune réalisatrice franco-ivoirienne Alexandra Amon pour la chaîne Nigeriane RED TV, Line Jaber rêve désormais de faire du cinéma. Pourquoi pas ? « C’est un rêve de gosse, lâche-t-elle. J’ai envie aujourd’hui de tourner avec Philippe Lacôte qui a été primé au dernier Festival de Cannes ».

Mais Line Jaber ne se contente pas de briller sous les projecteurs qu’elle adore, c’est aussi une épouse et mère de famille (elle a deux jeunes garçons) qui a des valeurs et n’a pas peur de s’engager, même si elle en parle très rarement. Catholique pratiquante, elle a ainsi lancé avec une poignée d’amis une petite association pour venir en aide aux enfants malades des quartiers défavorisés d’Abidjan qui se nomme tout simplement Charité.

« En sillonnant les quartiers d’Abobo, Attécoubé ou Youpougon, avoue-t-elle, on se rend compte qu’il y a tellement à faire… Alors on se mobilise sur les réseaux sociaux pour récolter des fonds et faire un peu de bien autour de nous en venant au secours de quelques cas précis qui nous touchent beaucoup ». Une charité mise quotidiennement en pratique… bien loin des caméras.

De notre envoyé spécial à Abidjan, Bruno Fanucchi / Photos de Jacques Naismith