La Martiniquaise Suzanne Dracius
lauréate d’un Award à Washington pour
ses oeuvres traduites en anglais

Figure majeure de la littérature caribéenne, Suzanne Dracius s’est vu décerner le 16 octobre 2022, un Award lors de la première édition du salon du livre French & Friends, Multilingual Book Festival à Washington aux USA. Une consécration pour cette auteure, qui est la première femme à recevoir cette distinction, et il s’agit même de la première Française ! Célèbre et étudiée dans les cercles intellectuels et universitaires américains, son prix a largement été couvert depuis. 

Entrée en littérature en 1989 avec L’Autre qui danse, Suzanne Dracius a publié de nombreux ouvrages marqués par une dimension autobiographique. Seule femme à figurer parmi les 10 écrivains martiniquais qui ont marqué l’histoire de la littérature et contribué à faire rayonner la littérature martiniquaise dans le monde entier, cette autrice prolifique collectionne les prix littéraires de prestige : Prix européen Virgile du Cénacle francophone Senghor, Prix Société des Poètes français, Prix Fetkann, Prix du 1er roman.

C’est à Fort-de-France que Suzanne Dracius a passé son enfance, en Martinique, le pays de l’illustre poète Aimé Césaire, puis en région parisienne, à Sceaux. Professeure de Lettres classiques à l’issue de ses études à la Sorbonne, elle a enseigné à Paris puis à l’Université Antilles-Guyane, à l’University of Georgia et à Ohio University aux Etats-Unis. Ceux qui ne connaissent pas l’histoire des Antilles sont souvent frappés par son physique atypique. Une kalazaza, ce mot créole qu’elle utilise pour se définir et répondre à leurs interrogations, des cheveux d’un blond doré vaporeux, mêlés comme son sang, à des yeux couleur de l’océan Atlantique. Elle est belle cette Aphrodite des îles sous le vent, qui fut la muse, dans une autre vie, de Louis Féraud, sans être Narcisse, un modèle que Botticelli aurait sans doute eu plaisir à peindre. 

Mais la Martiniquaise sait qu’une tête bien faite ne sert à rien si elle n’est pas bien pleine, d’où l’enjeu de son écriture. Son oeuvre admirable par sa constance, dont l’écriture a toujours été conçue comme une exigence, s’attachant phrase après phrase, livre après livre, à lutter contre toutes les discriminations raciales, sexuelles ou sociales. Car bien avant MeToo, Suzanne Dracius était woke avant l’heure, féministe avec une écriture engagée. Un parcours salué sur Facebook par le communicant Alassane Alou Ndiaye, promoteur du dialogue Nord-Sud : « Suzanne Dracius a consacré toute sa vie à l’écriture, à la littérature pour porter haut la voix des femmes de la Martinique et pour défendre la cause des Afro-Caribéen(ne)s et des Noir(e)s du monde. Sa présence remarquée et remarquable au Book Festival French and Friends de Washington, ajoute-t-il, est très appréciée à travers les réseaux sociaux. Les États-Unis et la communauté afro-américaine plébiscitent son talent et couronnent ses efforts menés depuis des décennies dans le milieu littéraire et culturel du monde. Ses oeuvres inspirent des générations et portent haut le combat des causes louables, le leadership féminin, la justice sociale et un monde plus équitable », conclut le communicant sénégalais. 

ROMANS :
L’Autre qui danse, Seghers, 1989 ; réédition, éditions du Rocher, 2007
Rue Monte au ciel, Desnel, 2003

NOUVELLES :
De sueur, de sucre et de sang, recueil de nouvelles, Le Serpent à Plumes (no 15), 1992 ; réédition au format de poche, 1995.
« La Virago », in Diversité : La Nouvelle Francophone, Houghton-Mifflin, Boston, 1995, p. 70-81
« Montagne de feu », in Diversité : La Nouvelle Francophone, Houghton-Mifflin, Boston, 2000, deuxième édition, p. 64-76
« La Langue de Molière sauce chien », nouvelle, in Les Identités francophones, anthologie didactique sous la direction d’Aurélien Boivin et de Bruno Dufour, éd. Les Publications Québec français, Québec, 2008, p. 86–92

POÉSIE :
Negzagonal et Moun le Sid (version créole et version française), Éditions de Traditions et Parlers populaires de Wallonie-Bruxelles, MicRomania (coll.) no 3, 1992 ; no 5, 1993
Hurricane, cris d’Insulaires (collectif, sous la direction de) Desnel, 2005 – Prix Fetkann Mémoire du Sud/mémoire de l’humanité
Prosopopées urbaines (collectif, coordonné par), Desnel, 2006
Exquise déréliction métisse, Desnel, 2008 – Prix Fetkann Poésie, Prix de la Société des Poètes Français
Pour Haïti (collectif, coordonné par), Desnel, 2010
Déictique féminitude insulaire, Idem, 2014
Scripta manent, éditions Idem, 2016

THÉÂTRE : 
Lumina Sophie dite Surprise, fabulodrame, Desnel, 2005 

OUVRAGES COLLECTIFS : 
Nourritures néohumanistes / Nutrimenti neoumanisti (sous la direction de), anthologie bilingue français / italien, éditions Idem, 2018 
Vingt ans après le 11 Septembre – Twenty Years After 9/11 (sous la direction de), bilingue français-anglais, Éditions Idem, 2021 

OEUVRES DE SUZANNE DRACIUS TRADUITES EN ANGLAIS: 
Climb to the Sky, traduction de Rue Monte au ciel par James Davis, éditions CARAF Books (Caribbean and African Literature translated from the French), University of Virginia Press, Charlottesville, USA & London, 2012 
Calazaza’s delicious dereliction, traduction d’Exquise déréliction métisse (édition bilingue français/anglais) par Nancy N. Carlson (AHCMC Grant Award pour cette traduction), éditions Tupelo Press, USA, 2015 
The Dancing Other, traduction de L’autre qui danse par Nancy N. Carlson, éditions Seagull Books (Calcutta), University of Chicago Distribution Center, USA, 2018 

par Lise-Marie Ranner-Luxin
crédit photo Alain Herman