Certaines soirées festives peuvent malheureusement se transformer en véritable cauchemar pour les femmes, et au cours de ces rassemblements, souvent entre jeunes, les drogues circulent aussi vite que les MST. C’est en partant de ce constat, et afin de lutter contre le fléau des soumissions chimiques, que Tanguy Turco, fondateur de Capote2Verre, a trouvé une solution pratique et réutilisable : la capote de verre. Divas Magazine est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur cette invention.

©Adobestock

Peux-tu présenter à nos lectrices et lecteurs  Capote2Verre, et en quoi elle est efficace pour lutter contre la soumission chimique ?

Capote2Verre souhaite proposer une protection efficace contre la soumission chimique en empêchant qu’une substance nocive soit déposée dans votre verre.

L’objectif est également de montrer, lorsque vous portez une Capote2Verre, que vous êtes vigilant et engagé pour lutter face au fléau de la soumission chimique, afin de promouvoir une ambiance “safe” et de décourager les agresseurs.

C’est donc un double objectif : une protection qui rassure et qui marque votre engagement.

C’est le sens vers lequel nous souhaitons aller, et nous invitons tous les organisateurs d’événements festifs à nous rejoindre dans cette démarche.

Quels sont les dangers liés à la soumission chimique ?

La soumission chimique est définie comme l’administration à des fins criminelles (viols) ou délictuelles (violences, vols) de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace.

J’ai été confronté aux dangers de la soumission chimique dans la période post-COVID-19, lors de la réouverture des bars et lieux festifs. À ce moment-là, des personnes de mon entourage proche en ont été victimes et de nombreuses vidéos circulaient sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce fléau (avec notamment le #balancetonbar).

 Quelles sont les drogues les plus courantes qui circulent dans les soirées festives ?

Les drogues les plus souvent citées sont le GHB, le GBL, la kétamine ou encore le Rohypnol. Toutefois, une armoire à pharmacie classique contient de quoi provoquer de graves dommages chez les victimes, il n’y a pas de procédé type chez les agresseurs.

Notons aussi que la soumission chimique engendre des conséquences graves après l’acte, physiques ou psychiques, liées à la substance ingérée et au stress post-traumatique.

Quels sont les bons réflexes à adopter en présence d’une personne qui a été droguée ?

Les symptômes d’une victime de soumission chimique incluent une perte de mémoire, de la confusion, des vertiges, des nausées, et une somnolence, souvent accompagnés de difficultés à parler ou à bouger et de comportements inhabituels.

Si vous êtes témoins d’une pareille situation, la priorité est de mettre la personne hors de danger, dans un endroit sécurisé. Il faut ensuite appeler le 15 ou le 112 afin que la personne soit prise en charge par les secours.

Si possible, et une fois que la victime est en sécurité, il faut prévenir l’organisateur de la soirée et faire en sorte d’obtenir des preuves de cette agression. Le verre avec lequel la victime a bu peut être une preuve déterminante.

Pour la victime, il ne faut donc pas rentrer dormir ni se laver, mais absolument se rendre dans un centre d’urgence afin de faire des analyses qui permettront de prouver qu’un agent nocif lui a été administré. Cette démarche est la plus difficile pour des victimes qui sont démunies et qui ne disposent pas de l’entière possession de leurs moyens.

Il faut ensuite déposer plainte pour qu’une enquête soit menée et que le ou les agresseurs soient sanctionnés. Ici aussi, dans la pratique, les victimes ont souvent des souvenirs troubles, un traumatisme et un sentiment de déni qui rendent difficile la dénonciation de ces actes criminels.

Le rôle d’un ami ou d’une personne aidant une victime sera de l’accompagner dans ces démarches, ce qui est d’autant plus difficile lorsque la victime est épuisée et traumatisée par l’agression qu’elle vient de subir.

Les consommateurs se sentent-ils  plus rassurés en utilisant ces dispositifs ?

D’après les nombreux témoignages que nous recevons, les utilisateurs se sentent davantage en confiance lorsqu’ils utilisent une Capote2Verre dans un espace festif.

Ces protections pour verres n’empêchent-elles pas les interactions dans les soirées où en général on vient pour s’amuser sans se soucier d’un quelconque danger ?

Non, bien au contraire. Avec mon équipe, nous sortons souvent pour offrir des protections Capote2Verre au sein des lieux festifs, et à chaque fois les interactions sont drôles et bienveillantes.

De plus, les utilisateurs nous font souvent remarquer le côté pratique de la Capote2Verre, qui leur permet de danser avec leur verre sans risquer de le renverser.

Le nom que nous avons donné à cette protection a été pensé de telle sorte à être drôle, à pousser à la réflexion, et ainsi à pouvoir dédramatiser en se protégeant face à un tragique phénomène.

Comment est accueilli Capote 2 Verre ? Avez-vous rencontré des obstacles ?

Les utilisateurs en sont très souvent ravis et s’approprient de plus en plus la Capote2Verre, mais les personnes les plus difficiles à convaincre sont les organisateurs d’événements.

Les boîtes de nuit sont finalement les plus difficiles à convaincre. En revanche, les festivals, les organismes publics et les associations prennent de plus en plus les devants pour protéger leur public au sein des événements festifs. Rappelons que notre objectif chez Capote2Verre, c’est la prévention d’un maximum de personnes face à la soumission chimique.

Pour cela, nous avons besoin des professionnels pour distribuer nos protections, mais également pour que la charge de la protection repose le moins possible sur les particuliers.

Comment  arrives-tu à sensibiliser le public aux risques des soumissions chimiques et à l’importance de la prévention ?

Comme évoqué précédemment, nous nous rendons dans de nombreux lieux festifs (fêtes, boîtes de nuit, festivals) pour offrir des Capote2Verre à toutes les personnes que nous croisons et les sensibiliser sur le besoin de protéger leur verre.

Nous offrons également des échantillons à toute personne nous envoyant un message privé sur les réseaux sociaux en échange d’une simple story de sensibilisation.

Nos clients sont aussi des acteurs majeurs du secteur de la prévention (CIDFF, Info Jeunes…) qui utilisent les Capote2Verre et diffusent eux-mêmes un message de sensibilisation aux dangers de la soumission chimique.

Enfin, nous avons mis à disposition un guide gratuit sur notre site qui recense les bonnes pratiques à adopter pour passer une soirée la plus “safe” possible.

Y a-t-il eu des études ou des recherches indépendantes sur l’efficacité de ton produit ?

Le Ministère de l’Intérieur a mis en place un guide pratique à destination des professionnels des établissements de nuit. Les protections de verres sont recommandées pour permettre aux professionnels de la nuit de garantir un espace sécurisé à leur clientèle.

Les retours de nos clients, et le fait qu’ils repassent commande chez nous sont aussi des indicateurs démontrant l’efficacité des Capote2Verre pour protéger les verres des individus en soirée, festival ou autre lieu festif.

Êtes-vous nombreux sur ce marché ?

De plus en plus d’acteurs émergent et c’est une bonne chose ! Cela offre un plus large choix aux utilisateurs finaux et démontre que nous avons bien fait de nous engager tôt dans la lutte contre la soumission chimique.

En quoi ton dispositif diffère-t-il des autres ?

Je cite un de nos clients (Live Nation) : “J’ai testé toutes les protections sur le marché et les vôtres sont celles avec le meilleur rapport qualité-prix”.

Nous avons fait en sorte d’avoir la protection la plus globale possible : élastique et résistante pour s’adapter à un maximum de verres, avec une petite tétine pour boire avec ou sans paille, et surtout réutilisable.

Je crois cependant que ce qui nous distingue est notre capacité à personnaliser les Capote2Verre. Cela offre à nos clients la possibilité de passer un message à de nombreuses personnes qui vont littéralement boire sur le support de communication, ce qui offre une fenêtre inratable.

Certains festivals financent même leurs Capote2Verre en les personnalisant à l’effigie d’un sponsor, pour ensuite les proposer gratuitement aux festivaliers.

As-tu des témoignages de femmes qui ont été droguées à leur insu ?

Énormément. Que ce soit dans mon entourage proche, celui de mes amis, dans nos messages privés sur Instagram…

Cela peut arriver partout et dans toutes les sphères de la société. Le cas de la députée Sandrine Josso témoigne que ce fléau n’est pas uniquement présent en boîte de nuit mais également dans des soirées privées entre personnes notables.

As-tu réussi à faire entendre ton projet à des organismes de lutte anti-drogue ?

Oui, et ce sont les plus actifs. Lorsque j’ai commencé ce projet, je croyais que les boîtes de nuit et les bars allaient se saisir de l’occasion pour proposer des espaces plus sûrs à leur clientèle.

Or, ce sont les associations, et particulièrement les associations de prévention, qui se sont montrées le plus intéressées par la Capote2Verre.

Après Capote2verre, prévois-tu d’autres dispositifs pour lutter contre le danger des soumissions chimiques ?

Nous étudions un nouveau dispositif qui pourrait être disponible d’ici l’année prochaine. L’idée est de compléter notre offre de prévention en permettant d’apporter la preuve qu’un agent nocif a été détecté dans le verre et ainsi aider les victimes à démontrer leur statut le plus rapidement possible.

Qui sont tes plus gros clients ?

Ce sont principalement des associations de prévention, des villes, des universités et des festivals. Comme dit précédemment, les boîtes de nuit sont les grandes absentes de cette lutte contre la soumission chimique, bien que quelques-unes aient franchi le pas.

As-tu envisagé des partenariats avec des établissements ou des organisations pour encourager l’utilisation de Capote2verre dans les lieux de divertissement ?

Nous avons plusieurs types de partenariats en cours, le principal étant avec un média qui sponsorise de nombreux événements festifs.

Nous avons aussi personnalisé des Capote2Verre à l’effigie du Crédit Mutuel, qui a lui-même financé les Capote2Verre au profit du Festival Bandas à Condom.

Pour nous, c’est le trio gagnant ! Un sponsor qui souhaite communiquer via un support innovant et engagé, un événement qui souhaite protéger son public, et nous qui mettons cela en place. Voici un bel exemple de partenariat réussi.