Bintou Camara ou l’élégance du cœur

Très affectée par la rupture précoce de ses parents, Bintou Camara, alias Toubine, a toujours été très dévouée aux autres. Sans doute pour offrir et partager ce qu’elle- même n’a jamais reçu. « Je sais ce que c’est de manquer d’amour et de la chaleur d’un foyer quand on est tout petit. Je n’avais que 3 ans et demi quand mes parents se sont séparés, confie-t-elle. C’est pourquoi, très jeune, j’ai toujours voulu créer un orphelinat ». Mais l’adversité trempe les caractères. Arrivée en France en bas-âge, elle poursuit sa scolarité à Limoges, puis débarque à Saint-Denis, en région parisienne. Accueillie par une famille adoptive, elle obtient une bourse d’excellence pour entrer au lycée François Couperin de Fontainebleau. « Croyez toujours en vos rêves », lui répète alors la proviseure de cet internat de jeunes filles. Bintou en fera vite son credo.

Elle met les bouchées doubles, passe son bac et fait de brillantes études en économie, gestion des entreprises et commerce international comme pour se prouver à elle-même qu’on peut y arriver toute seule, pourvu qu’on en ait la volonté ! La belle Bintou commence parallèlement une carrière de mannequin avec cette aisance naturelle et ce sourire désarmant qui font le « petit plus » des jolies filles qui réussissent. Elle enchaîne alors défilés, podiums, clips, shootings et quelques cover de magazines. Rapidement, son élégance et sa prestance innées font recette. Du haut de ses 1,80 m, elle en impose… et sait se faire respecter dans ce milieu difficile et parfois cruel de la mode. Profondément croyante, elle sait que l’essentiel n’est pas là et qu’en ce bas monde, « tout est vanité », comme il est écrit dans l’Ecclésiaste.

Elle s’engage aussi résolument dans la vie associative pour venir en aide aux gens de son quartier, aux migrants qui arrivent nombreux en France, sans oublier bien sûr les Guinéens de la diaspora. Avec une seule motivation qui pourrait être sa devise : « Une vie au service des autres ! »

Membre active de l’Association des jeunes Guinéens de France, elle participe ainsi à l’organisation du tout premier Salon de l’emploi guinéen en France et au Comité Miss Guinée France. Elle sera aussi coordinatrice du projet « Conakry-sur Seine », le principal rendez-vous culturel de la diaspora, puis ambassadrice de charme de l’événement « Conakry, capitale mondiale du livre » en 2017. Douée pour les affaires, elle retourne régulièrement en Guinée pour jauger les opportunités.

En attendant la bonne occasion qui la poussera à rentrer au pays pour mieux le servir, elle exhorte les Africaines à prendre leur destin en main. « Ne baissez pas les bras, essayez de réaliser vos rêves. N’ayez pas peur d’échouer et, surtout, n’abandonnez jamais, leur a-t-elle lancé récemment à Conakry. Il est hors de question pour la jeunesse dynamique que nous représentons de reculer face à l’obstacle. Nous savons tous que, dans nos sociétés, la femme est parfois marginalisée… ». Et de conclure : « Nous devons nous battre pour nos rêves et objectifs. Nous devons incarner aussi le respect qui ne doit jamais être négocié. Nous devons impulser les changements et transformations sociales devant conduire au développement de notre pays ». Mais, pour l’heure, priorité aux enfants qui sont l’espoir du continent !