Artistes, activistes, entrepreneuses, chercheuses, sportives… Elles ont le talent et le bagout. Cette année encore, c’est sûr, le monde ne tournera pas sans elles.

Audrey Pulvar

Journaliste pendant vingt-cinq ans, elle tire sa révérence en juillet 2017 afin de présider la Fondation pour la Nature et l’Homme. Après dix-huit mois d’exercice, la Martiniquaise rend son siège à Nicolas Hulot et crée, début 2019, le fonds de dotation African Pattern. Animé par un conseil scientifique majoritairement africain, ce think tank soutient des modèles d’écologie solidaire en Afrique. Activiste, féministe et écologiste, Audrey Pulvar figurera sur la liste Paris En Commun menée par Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris et candidate à sa succession aux municipales de 2020. Une évidence pour la fille de Marc Pulvar, fondateur et secrétaire national du Mouvement Indépendantiste Martiniquais, qui lui a très tôt transmis son engagement civique et politique.

© Augustin Detienne / iTélé

Louise Mushikiwabo

© Ludovic Marin / AFP

Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie, cette Rwandaise de 59 ans est la deuxième femme à ce poste après la Canado-Haïtienne Michaëlle Jean. Et la première Africaine. Étudiante en interprétariat à l’Université du Delaware (États-Unis), elle échappe au génocide de 1994 qui a décimé sa famille. À son retour au Rwanda, elle devient ministre de l’Information, puis des Affaires Etrangères et de la Coopération dans le gouvernement de Paul Kagame. En 2020, elle s’attellera à l’organisation des neuvièmes Jeux de la Francophonie (du 23 juillet au 1er août 2021 à Kinshasa), du dix-huitième Sommet de la Francophonie (les 12 et 13 décembre 2020 à Tunis) et, bien sûr, du cinquantenaire de l’OIF.


Bernardine Evaristo

Toute l’œuvre de cette romancière britannique, née d’un père Nigerian et d’une mère anglaise, évoque la diaspora africaine dans ses tourments, ses plaies, ses joies et ses rêves. Vaste communauté à laquelle cette femme de 60 ans s’ingénie à donner une voix également à travers Le Théâtre des femmes noires, compagnie qu’elle a créée, et le Brunel University African Poetry Prize qui récompense des auteurs de poésie afri- cains. Habituée à promouvoir le talent des autres, c’est peu dire qu’elle ne s’attendait pas à recevoir le très prestigieux Booker Prize 2019 pour son huitième roman Girl, Woman, Other. Première lauréate noire de ce prix, elle sera bientôt traduite en français. Enfin !

© Éditions Penguin Books

Pretty Yende

© DR

Jamais un prénom n’a été aussi bien porté. Tout chez cette soprano sud-africaine de 34 ans exhale la beauté et la perfection. Née dans un township au temps de l’Apartheid, Pretty ne connaissait rien à l’art lyrique et se voyait plutôt comptable. Elle avait certes déjà chanté à l’église et recueilli de chaleureux applaudissements, mais du haut de ses 5 ans, elle voyait cela comme un jeu. La révélation viendra à 16 ans, lorsqu’elle est émue aux larmes par l’air du Duo des fleurs de Léo Delibes, dans une pub à la télé. Elle entre au Collège musical du Cap, subjugue ses professeurs, intègre l’Académie pour jeunes artistes de la Scala de Milan et devient l’une des cantatrices phares de sa génération. L’Opéra de Paris l’attend avec impatience dans Manon de Jules Massenet (du 26 février au 10 avril 2020).


Kalpana Bagamane Denzel

© Kering

Cette Américaine, experte du conseil en recrutement et en marketing auprès de grands cabinets et entreprises (Russell Reynolds Associates, Andersen Consul- ting, Procter & Gamble, entre autres), vient d’être nommée Directrice de la Diversité, de l’Inclusion et des Talents chez Kering. Rattachée à Béatrice Lazat, DRH du groupe, elle devra encourager la diversité et créer un environnement favorable à son épanouissement. Repérer les talents, quels que soient leurs culture, origine, genre, orientation sexuelle ou handicap, au nom du respect de l’égalité des chances. Un signe fort de la part de ce groupe de maisons de luxe qu’on espère voir imité par d’autres…


Fabienne Youyoutte

Élue meilleur artisan de France 2019 par le Prix national Stars & Métiers, cette jeune quadragénaire à la  fois glacier, pâtissier, chocolatier, confiseur et boulanger depuis quinze ans, a révolutionné le goût de ses compatriotes guadeloupéens. Avant elle, ces derniers ne juraient que par l’incontournable glace au coco. Grâce à elle, ils ont découvert une centaine de saveurs liées à des légumes rares ou oubliés. Si les classiques chocolat, vanille, mangue se vendent bien dans sa boutique Les Désirs du Palais à Pointe-à-Pitre et Sainte-Anne, c’est également pour les patate douce, farine de manioc, patate betterave, corossol, giraumon ou cythère qu’on fait la queue. Pour 2020, elle prépare des glaces sans lactose, une boutique à Marie Galante, une autre en Martinique en espérant bientôt conquérir Paris.

© Lou Denim

Aïmara Coupet

© Be Radiance

Adepte de la clean beauty, la fondatrice de Be+Radiance s’est imposée dans l’univers très encombré du make up en proposant des fonds de teint sans silicone. Une véritable gageure quand la plupart des acteurs du marché ne jurent que par ce composé garant d’une tenue longue durée. Élevée au Canada par un père ch’ti et une mère martiniquaise, cette jolie femme de 45 ans a fait  ses classes chez L’Oréal Paris, Sephora et Black Up avant de se lancer un défi : satisfaire tous les teints, du plus clair au plus foncé, en respectant l’équilibre cutané de chacun. Car il ne suffit pas de trouver sa teinte, encore faut-il qu’elle corresponde aux besoins de votre peau. Pari réussi ! Son Fond de teint matifiant à l’eau de concombre, devenu best- seller en un éclair, couvre la peau sans en obstruer les pores, la rend belle sans l’alourdir. Forte de ce succès, Aïmara Coupet lancera en 2020 un primer, cinq nouveaux fonds de teint et une poudre 2-en-1 qui jouera le rôle d’enlumineur et de matifiant.


Oluwaseun Ayodeji Osowobi

Cette activiste Nigeriane de 29 ans, ayant survécu à un viol, figure sur la liste des 100 stars montantes de 2020 publiée par le magazine Time en novembre 2019. Son association Stand To End Rape (STER) – traduisez, Debout contre le viol – apporte un soutien psychosocial et des soins médicaux aux victimes  de violences sexuelles. Plus de 200 000 personnes ont déjà bénéficié de ces actions. En 2019, Oluwaseun a reçu le prix Commonwealth de la « jeune personnalité de l’année » (photo) et est une des voix du mouvement #metoo Nigerian.

© DR

Aya Chebbi

© Open Government Partnership

Émissaire de l’Union africaine pour la jeunesse, cette diplomate tunisienne de 31 ans et créatrice du mouvement Afrika a reçu le 24 septembre dernier le prix de la Fondation Gates « Campaigner Award ». Cette distinction vient récompenser son rôle dans la consolidation de la paix et la mobilisation non-violente des jeunes en Afrique. Après avoir travaillé dans les camps de réfugiés pendant la guerre en Libye, elle a été observatrice des élections égyptiennes en 2012 pour le Carter Center. Depuis la révolution tunisienne, elle multiplie les conférences à travers le monde pour parler de la place des jeunes et des femmes dans le changement social. Défenderesse de l’idéal pa- nafricaniste, Aya est également co-fondatrice du collectif féministe The Voice of Women Initiative.


Indya Moore

Cette mannequin et actrice non-binaire figure dans l’édition 2020 du prestigieux calendrier Pirelli. Interprète d’Angel dans la série Pose de Ryan Murphy, elle est la première femme transgenre noire à devenir l’égérie d’une grande marque, en l’occurrence Louis Vuitton (ici, elle pose pour le lookbook de la collection Pre-Fall 2019). C’est aussi la première à faire la Une du Elle américain en juin de cette année. Une couverture qui lui a valu un prix aux Daily Media Fashion Awards en septembre dernier : Indya y avait fait sensation en arborant des boucles d’oreille signées Areeayl Yoseefaw, à l’effigie de seize femmes trans assassinées aux États-Unis depuis le début de l’année. Depuis, hélas, ce chiffre a encore augmenté…

© Courtesy of Louis Vuitton

Ava DuVernay

© Facebook Officiel

Cette année, Dans leur regard (When they see us), série signée Ava DuVernay, a fait carton plein sur Netflix et remporté deux Emmy Awards. Début 2020, pour honorer le mirobolant contrat de 100 millions de dollars déjà conclu avec Warner Bros, la réalisatrice de Selma sera derrière la caméra pour tourner le pilote de DMZ. La série sera diffusée sur HBO Max, la plateforme de streaming de Warner Bros. Cette fois, l’intrigue se situe dans l’univers comics : dans un futur où une nouvelle guerre civile fait rage aux États-Unis, l’île de Manhattan à New York est une zone démilitarisée. L’héroïne, un médecin, cherche son fils tout en aidant du mieux qu’elle peut dans cette île aux allures de fin du monde.


Shonda Rhimes

Papesse de la télé à qui l’on doit les séries à succès Grey’s Anatomy, Scandal, How to get away with murder et, plus récemment Station 19 (dérivée de Grey’s Anatomy), Shonda Rhimes a signé en 2018 avec Netflix un juteux contrat de 100 millions de dollars pour quatre ans. Pas moins de neuf projets ont été proposés au géant du streaming par les équipes de Shondaland ! Shonda Rhimes qui aime travailler en équipe s’est entourée d’auteurs confirmés. Au programme, des biopics, des séries historiques apocalyptiques où, bien sûr, les femmes seront en première ligne.

© DR

Dès 2020, c’est Bridgerton qui ouvre le bal : l’histoire se déroule dans le Londres de la Régence et relate le quotidien d’une famille de la haute société. Régé Jean Page, vu dans For The People, et Adjoa Andoh (Dr Who) font partie du casting.


Candace Owens

© Gage Skidmore

Sa personnalité clivante fait qu’on l’aime ou qu’on la déteste. Mais d’une manière ou d’une autre, elle ne laisse personne indifférent. Issue d’une famille aisée, diplômée en journalisme, Candace Owens travaille à Vogue puis démissionne pour créer son propre site : Internet Degree 180. Elle souhaitait également lancer un portail pour dénoncer les haters du net mais il a suscité tellement de controverse que la campagne de crowdfunding conçue pour le financer a été annulée. Finalement, c’est avec Red Pill Black, un site et une chaîne YouTube à destination des électeurs afro-américains, que cette fervente défenderesse du conservatisme fera l’actu en 2020. On l’attend sur tous les sujets brûlants qui ne sauraient manquer durant l’élection présidentielle.


Titi

Chanteuse sénégalaise très populaire dans son pays, Ndeye Fatou Tine, dite Titi, a été nommée Best Female Artist for Central and West Africa (Meilleure artiste féminine pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest) lors de la cinquième édition des African Entertainment Awards qui ont eu lieu en octobre dernier aux États-Unis. Une récompense qui vient conforter une belle carrière en plein essor. Comme beaucoup d’artistes, la lionne de la Teranga a fait ses débuts comme choriste pour des grands noms de la musique sénégalaise. Sa carrière prend une nouvelle dimension lorsqu’elle rencontre Youssou N’Dour à Conakry en 2003 ; elle partage la scène avec lui et enregistre son premier album. Il faudra attendre « Façon », son troisième album pour que le succès se confirme notamment avec le tube Music. Titi a à son actif des milliers de vues, sa récompense américaine devrait apporter une dimension internationale à sa carrière.

© Confidentiel Afrique

Kamala Harris

Figure montante du parti démocrate, sénatrice de l’État de Californie, la native d’Oakland s’est lancée dans la course à la Maison-Blanche dès le mois de janvier dernier devant 20 000 personnes. Du jamais vu pour un lancement de campagne.

© Facebook Officiel

Dans la foulée, la levée de fonds a démarré sur des chapeaux de roue, avant de s’essouffler progressivement. Pourtant, la quinquagénaire, diplômée en droit de la prestigieuse université d’Howard, a des arguments. Notamment une brillante carrière derrière elle en tant que procureur du district de San Francisco puis General Attorney (à la tête des instances judiciaires) de l’État de Californie. Bien qu’elle soit loin, au vu des sondages, de décrocher l’investiture de son parti, celle que l’on surnomme la « Barack Obama au féminin », ne s’en pas moins imposée dans le paysage politique américain. Il faudra assurément compter avec elle en 2020 et même au-delà.


N’Goné Fall

Officiellement annoncée par le président Macron lors d’un voyage à Ouagadougou en 2017, la saison Africa 2020 est un programme multidisciplinaire qui va mettre en avant les talents africains, et où seront représentés les 54 pays du continent. Pour piloter ce projet, le président français a nommé une commis- saire générale : N’Goné Fall, architecte, critique d’art. Directrice éditoriale de Revue Noire dans les années 1990, elle a également enseigné le commissariat d’exposition à Niamey, Alexandrie et au Cap. Des expériences qui lui ont permis de se créer un réseau dans les cercles intellectuels africains mais aussi dans les milieux de l’art.

© F. Diouf Photography

Un atout précieux pour la mise en place d’Africa 2020, qui se veut une fenêtre ouverte sur le continent. La saison s’ouvrira en juin 2020 jusqu’à la fin de l’année et sur tout le territoire français.


Marie-Josée Ta Lou

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Le Jeux Olympiques de Tokyo sont dans la ligne de mire de la talentueuse sprinteuse ivoirienne. Depuis sa percée aux Mondiaux de Pékin en 2012, Marie-Josée Ta Lou ne fait plus figure d’outsider mais compte bel et bien parmi les favorites du sprint féminin. Si l’Ivoirienne est depuis plusieurs saisons indoor et outdoor une habituée des podiums, l’or lui échappe encore lors des grands rendez-vous mondiaux. Double médaillée d’or aux Championnat d’Afrique d’Asaba en 2018, elle renouvelle l’exploit sur 100 m aux Jeux Africains de Rabat en 2019, mais doit se contenter du bronze aux Mondiaux de Doha, la même année. 2020 sera donc une nouvelle année à la (con)quête de l’or.


Rebecca Zoro

Le travail de Rebecca Zoro est made in Côte d’Ivoire et c’est une fierté pour elle. Tout comme le fait qu’en 2018, lors d’un séjour en Afrique du Sud, Beyoncé a porté l’une de ses créations, ce qui lui a valu un buzz phénoménal. Convaincue qu’il faut oser et croire en ses rêves, la créatrice de la maison Yhébé Design ambitionne désormais d’ouvrir des boutiques dans toutes les grandes capitales de la mode (Paris, New York, Londres, Milan) et, bien sûr, les mégalopoles africaines. Un pari fou pour celle qui a débuté en 2015, toute seule avec sa machine à coudre.

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Teni

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La chanteuse Nigeriane de 26 ans, malgré un style boyish qui détonne dans son univers musical, a su trouver son public. Ses chansons Case, Uyo, Nowo, Billionaire cartonnent sur YouTube cumulant 10 millions de vues. Sur Instagram, le compteur s’affole aussi avec 2,6 millions d’abonnés. Teni The Entertainer (son nom de scène), est née Teniola Apata dans une famille de musiciens. À 2 ans, elle jouait déjà des percussions et, à 4 ans, faisait le show lors de cérémonies avec des invités de marque. La musique, c’est sa vie. Son don, comme elle le dit elle-même. Si le succès est au rendez-vous, la chanteuse n’a pas la grosse tête pour autant : pas de m’as-tu vu, jets privés, bijoux clinquants et tout le tralala. Pour elle l’important c’est de rester soi-même. Une simplicité et une authenticité qui touchent son public. Teni c’est la fille normale et elle est justement aimée pour ça.


Arielle Kitio

C’est un parcours sans faute qu’a fait Armelle Kitio, jeune camerounaise de 26 ans, tout juste auréolée du prix Margaret de la Femme Digitale Africaine de 2019. Surnommée « la codeuse » par ses camarades, bachelière à 15 ans, elle est titulaire d’un master en informatique option Cloud Computing (obtenu avec la mention « très bien ») et d’un doctorat en génie logiciel. En 2017, la jeune femme crée CAYSTI, une start-up qui a pour but d’initier les jeunes aux techniques de codage dans leur langue parlée, français, haoussa ou wolof. CAYSTI est un centre d’éveil technologique pour les enfants entre 6 et 15 ans. Arielle et son équipe veulent démystifier la technologie, éliminer la barrière de la langue pour les enfants non anglophones, travailler les aptitudes cognitives comme la logique, la pensée critique et surtout faire exploser les stéréotypes sexistes. Déjà près de 6 500 enfants ont ainsi appris à développer leurs propres applis. Un exploit qui n’est pas passé inaperçu : les récompenses et les reconnaissances s’enchaînent.

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Ambassadrice du Next Einstein Forum au Cameroun, la lady tech a reçu le Award Tech Woman 2016 aux États-Unis et le prix Afrique Innovante en 2018. Son intention est désormais d’étendre son action à tout le continent africain et, pourquoi pas, au-delà.

Par Isabelle Aithnard, Françoise Diboussi, Lize Moudouthe