C’est la nouvelle « coqueluche » des séries télé sénégalaises qui ont supplanté « Novelas TV » au Sénégal et font un tabac dans toute l’Afrique de l’Ouest francophone. Petite-nièce de l’ex-Président sénégalais Abdou Diouf, Kadia est née sous une bonne étoile à Popenguine, la résidence d’été des chefs d’État du « Pays de la Teranga », sise à 70 km au sud de Dakar. Son père fut le maître-nageur du Président et elle connut une enfance heureuse et tranquille dans une superbe propriété qui surplombe la mer. « Je préfère me réveiller au bord de la mer, c’est pour moi comme une thérapie, confie-t-elle. La mer, c’est une de mes passions comme la nature, la beauté ou les voyages… ».

Mais cette enfance magique s’est subitement arrêtée à l’âge de10 ans, avec le divorce de ses parents qui fut pour elle un électrochoc. « C’est le déclic qui m’a poussée à être une rebelle et à prendre très tôt mon destin en main », explique-t-elle. « On a perdu du jour au lendemain notre statut social privilégié. Ma mère, Nafissatou, qui était sage-femme, s’est battue pour nous élever toute seule et a été un bel exemple. Je me suis dit alors : une femme doit avoir un métier et travailler pour être indépendante ». Tout un programme ! 

Dès l’âge de 18 ans, Kadia Diouf se lance dans l’entreprise, d’abord dans le prêt-à-porter puis dans l’événementiel, avec la soif de réussir par elle-même. Ne dit-on pas qu’aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années ? Cette jeune Sénégalaise, un peu « touche-à-tout » comme elle se définit elle-même, va ainsi être tour à tour mannequin puis patronne d’une boutique de mode, « Hélène chic », qu’elle ouvre sur l’avenue Mermoz, en plein centre de Dakar, où elle va côtoyer et habiller pendant deux ans de nombreux chanteurs et stylistes connus, et même Miss Sénégal 2009. 

Diplômée en commerce international, elle sera manager d’une grande enseigne française à 24 ans, et va rapidement devenir chef d’entreprise, et même commencer à embaucher. Elle lance une société de location d’écrans géants gonflables, et travaille avec Youssou N’Dour pour plusieurs concerts. Car elle a véritablement le don et le goût d’entreprendre… et toujours la soif de réussir. « Je suis une autodidacte, mais j’ai toujours rêvé d’être une star », avoue-t-elle aujourd’hui. Et elle en prend le chemin. 

Après une dizaine d’années passées en Europe, cette figure de la diaspora sénégalaise rentre au pays pour « refaire sa vie » et entame simultanément une nouvelle carrière car « l’Afrique a un grand potentiel pour les femmes ». Elle se lance dans le monde du cinéma et devient successivement technicienne de plateau, maquilleuse, coiffeuse, puis finalement actrice de séries télévisées à succès. Le petit écran va ainsi la révéler au grand public. 

Très à l’aise sous les sunlights, elle se fait rapidement sa place au soleil : les contrats et les téléfilms s’enchaînent. Dans L’Or de Ninki Nanka, adaptation du roman de Sokhna Benga porté à l’écran par Marodi Production, elle incarne la femme du Premier ministre qui veut devenir « calife à la place du calife ». Et quand elle reçoit chez elle le chef de l’État, ça chauffe et rien que cette scène fait le succès de la série… Après avoir tourné dans Vautours, produit par EvenProd et couronné « meilleur série sénégalaise » de l’année, elle est aujourd’hui sur le tournage de la saison 2 de Yoon (l’accès ou le voyage en wolof) consacrée à un sujet ô combien sensible : l’immigration ! 

« L’Afrique a un grand potentiel pour les femmes » 

« Passionnée de cinéma, conclut-elle, toute ma vie a été comme un film, avec bien des épreuves, mais je garde toujours le sourire… C’est ma force intérieure ». Même si cette nouvelle carrière la comble, Kadia en veut toujours plus. Quelque peu boulimique dans les affaires, elle est prête à travailler jour et nuit pour vivre encore mieux… Car elle a aussi le goût du luxe et de l’aventure. 

Mère de deux enfants, se partageant désormais entre Dakar et la France, elle a ouvert deux instituts de beauté : Selective Beauty à Yoff Océan et l’Étoile africaine en Bretagne. « J’ai embrassé ce nouveau métier par passion », dit-elle. Mais elle vient aussi de se lancer dans l’immobilier comme « apporteuse d’affaires » de la société Omnibat spécialisée dans la construction d’immeubles haut de gamme. Rien ne semble devoir l’arrêter sur le chemin de la réussite et, comme dit le dicton populaire : « Quand le bâtiment va, tout va ! ». 

De notre envoyé spécial à Dakar, Bruno Fanucchi

Crédit photo: © Pape SY Pro